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Les pièces d'Igihango

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Les pièces du puzzle IGIHANGO

(26.05.2002).

 

Il y a un peu moins de deux mois, nous avons appris qu'une alliance de partis de l'opposition rwandaise en exil avait été mise sur pied. Cette alliance qui réunit les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR, majoritairement hutu et basé au Congo-Kinshasa) et l'Alliance Rwandaise pour la Renaissance du Rwanda (majoritairement tutsi, basé en Amérique du Nord) et Nation Imbaga y'Inyabutatu Nyarwanda (monarchiste, mixte [?], Bruxelles) a été rendue possible grâce à la médiation opportune de l'homme daffaires Valens Kajeguhakwa, en froid avec le régime de Kigali depuis lan dernier.

 

L'alliance était présentée comme un rassemblement volontaire de partis rwandais en exil qui voulaient faire changer les choses dans leur pays. Au sein d'un des partis, l'Arena pour ne pas la citer, la démarche entraîna des dissensions et l'exclusion de certains de ses membres qui auraient engagé le parti dans la coalition sans en avoir le mandat. Les dissensions ne furent pas résorbées et la partie qui appuyait l'alliance s'est érigée en direction du parti suite à un congrès qui aurait eu lieu à Ottawa le 7 et 8 mai.  Un autre Congrès (prévu depuis décembre 2001, initialement pour mars mais reporté très peu fortuitement à mai),  aura lieu le 18 et 19 mai dans la banlieue d'Ottawa et il réunira autour du professeur de l'Université de Sacramento Alexandre Kimenyi (Mobilisation) et de l'ingénieur de HydroQuébec Gratien Rudakubana (deux coordinateurs sur quatre) une vingtaine de délégués venus de plusieurs villes d'Amérique du Nord.

 

Nous avions donc à ce stade deux comités exécutifs pour un même parti. A première vue les deux étaient sur un même pied puisque chacun était  soutenu par deux des coordinateurs initiaux, les deux déjà cités et l'ancien président de l'Assemblée nationale du Rwanda Joseph Sebarenzi (Diplomatie) aux études aux USA et le professeur Joseph Ngarambe (Information) résidant en France. Mais en contactant les proches de l'aile qui avait approuvé le pacte avec le FDLR et les royalistes de Nation Imbaga on a appris que la personne nommée au poste de Trésorier Général du Comité Exécutif de l'ARENA pro-GIHANGO présidé par Augustin Kamongi (résidant aux USA),  M.-C. N. résidant à Bruxelles - n'avait jamais fait partie du parti Arena malgré qu'elle aurait été approchée par un ancien professeur membre de la coordination de l'Arena originale et qu'elle n'avait pas du tout l'intention d'adhérer (elle aurait même exigé que son nom soit retiré  des documents, du site Web du parti, etc. ce sera fait le mardi 28 mai mais il ne sera pas possible de rattraper les communiqués bombardés urbi et orbi, pendant une vingtaine elle aura été officiellement un dirigeant d'une organisation qui lui était inconnue!).

 

La politique du fait accompli

 

Alors que l'aile de l'Arena pro-Gihango a rédigé une déclaration exprimant ou confirmant son adhésion au pacte Gihango immédiatement après son « congrès », chez un autre membre de la coalition à savoir les royalistes de NATION IMBAGA y'INYABUTATU la politique du fait accompli semble être passée comme lettre à la poste: Comme le précise très honnêtement le communiqué du 14 avril, le commun des monarchistes  a été consulté le samedi 30 mars, c'est-à-dire 3 jours après la signature par son Délégué Général, le docteur Joseph Ndahimana de la charte de l Alliance pour la Démocratie et la Réconciliation Nationale, ADRN-Igihango et la nomination d'un des coordinateurs de NATION IMBAGA y'INYABUTATU, ancien cadre du FPR puis journaliste,  Déo Mushayidi comme porte parole d'Igihango (celui-ci est aussi mentionné sur la couverture d'un petit ouvrage  - résumé de nombreux autres -  « Les Secrets du  Génocide Rwandais, Enquête sur les mystères d'un Président » comme co-auteur avec  le journaliste Charles Onana mais de nombreuses erreurs - vous en trouverez certains exemples ci-dessous - font douter qu'il y ait eu un co-auteur rwandais ou même que l'auteur soit bien un journaliste d'investigation). Un autre membre de la coordination du parti royaliste le Major (ex-FPR) et juriste Gérard Ntashamaje se serait distancé du rapprochement avec le FDLR en le dénonçant publiquement, d'autres sources disent qu'il aurait rejoint l'Alliance Démocratique Rwandaise (parti ADR en exil) de l'ancien journaliste Sixbert Musangamfura et al. Il reste encore à connaître ce que représentent ceux qui constituent la façade civile et diplomatique du FDLR à savoir  le docteur  en  économie Ignace Murwanashyaka qui est le président des FDLR, l'ancien journaliste de l'Office Rwandais de l'Information (ORINFOR) Jean-Marie Vianney Higiro (relations extérieures) et le porte-parole du mouvement Alexis Nshimiyimana, ancien animateur de Radio Rwanda. Il va sans dire que dans ce mouvement politico-militaire héritier de l'ancien régime MRND, la démarche visant à s'attirer les services de Tutsi pour  se refaire une virginité n'a pas dû nécessiter de longues et difficiles consultations préalables de la base.

 

Les pièces du puzzle s'accumulent et s'agencent parfaitement

 

En grattant la surface d'IGIHANGO on découvre qu'il s'agit plus d'une agence de relations publiques (de blanchiment d'agents sales) ou d'un lobby pour le FDLR et contre le FPR que d'une véritable alliance ou d'une coalition entre le FDLR et d'autres partis. L'initiative a certainement des sponsors, Valens Kajeguhakwa étant le plus visible - la pointe de l'iceberg - mais pas nécessairement le plus actif. Cet ancien ami de Juvénal Habyarimana et - ensuite - ancien député et membre du comité central du FPR expliquait que son différend avec le président Paul Kagame était dû, notamment, à la publication de son autobiographie  élogieuse (celle de Valens Kajeguhakwa) « Rwanda, terre de paix, terre de sang et après? » alors que l'ouvrage était en vente libre au Rwanda au moment de sa parution en 2001.

 

Et le FPR dans tout ça?  Eh bien le parti au pouvoir aurait suivi de très près et minute après minute, grâce à des agents envoyés expressément en Europe, les tractations qui ont accouché du contrat entre le FDLR et ses conseillers en communication. Ce n'est peut-être pas un hasard si l'affaire Gihango a été bouclée fin mars, juste avant la semaine officielle de commémoration annuelle du génocide. L'Arena aurait, selon certains sources bien informées, dû être vilipendée sur le lieu même des ré-inhumations dans la dignité des victimes du génocide de 1994. Kigali na pas tenté de faire avorter le pacte du sang, que du contraire: cette alliance était un moyen facile et puissant de ternir l'opposition en général et l'image des transfuges du FPR tel que le professeur Alexandre Kimenyi, l'ingénieur d'Intel Jeff Nsengimana et al. en particulier. à défaut de cela il a dû se contenter d'un parti ARENA divisé, dont les deux « ailes » se contesteraient mutuellement la légitimité. Malheureusement ou heureusement pour les uns ou les autres, les anti-GIHANGO menés par le professeur Kimenyi ont décidé d'adopter le mot kinyarwanda AMAHORO comme nom de leur parti opposé à la guerre et aux pactes de sang, il signifie la PAIX. Des pacifistes rwandais? Ce serait une première.

 

AMAHORO, AMAHORO !

 

Placide Muhigana, 26 mai 2002