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Commissaire FDLR Harerimana à Kigali
Qu'est-il advenu de l'ALIR,etc ?
Nyagasaza arrêté en pleine réconciliation
 
Polémique autour de deux arrestations
Deux rwandais arrêtés début novembre à Kigali, après leur retour au pays, se
trouvent au centre d'une polémique  entre le gouvernement et l'opposition en
exil.
Portraits.
 
Soupçonnés de participation au génocide de 1994, l'homme daffaires
Mathias Nyagasaza et l'ex-agent de la présidence, Célestin Harerimana, sont
détenus au Rwanda depuis début novembre. Dès leur annonce, ces
arrestations soulevaient un tollé de l'opposition rwandaise en exil. Dans un
communiqué envoyé à la presse le 13 novembre, l'Alliance Igihango (pacte de
sang) regroupant divers mouvements d'opposition en exil, dénonçait les
tortures dont aurait été victime un membre des Forces démocratiques de
libération du Rwanda (FDLR, membre de l'Alliance). « Harerimana -
commissaire aux affaires politiques des FDLR - a été sévèrement interrogé et
torturé par les services du département des renseignements militaires de Kigali
(DMI), affirme le communiqué d'Igihango. Il se trouve actuellement dans un
état critique à Muhima où il est détenu après avoir subi de mauvais traitements
de la part de ses tortionnaires à la prison de Gikondo où il était arrivé le 6
novembre. »
 
Seuls avec lui

Dès la publication du communiqué, l'information va être formellement démentie
par le procureur général de la Cour suprême, Gérald Gahima. « Harerimana et
Nyagasaza sont en prison, affirme Gahima, et la presse ainsi que toute
personne qui le désire peut leur rendre visite, les interroger librement et se
rendre compte que ces allégations sont fausses et sans fondement. »
Des activistes des droits de l'homme, travaillant pour une association
rwandaise réputée indépendante du gouvernement racontent : « Nous sommes
allés voir Harerimana en prison, affirment-ils, nous l'avons interrogé librement,
en l'absence du personnel du parquet et de la police. Nous étions seuls avec
lui, il ne s'est pas plaint une fois d'avoir été torturé, même s'il a affirmé avoir
été brièvement interrogé par les services de renseignements militaires. De plus,
en l'observant nous-mêmes, nous n'avons remarqué aucune trace de torture.
Nous ne pouvons par contre rien dire du cas de Nyagasaza que  nous n'avons
pas encore eu le temps de rencontrer ».
Pourquoi tant déchos autour de ces deux arrestations ? 
Quel est le poids réel des deux hommes ?
 
Forces défaites
 
A l'heure du génocide, Célestin Harerimana travaillait dans les services de
protocole de la présidence. Selon certaines sources, l'homme aurait également
été un agent secret du président. En juillet 1994, il traverse la frontière
rwando-zaïroise, fuyant l'avancée victorieuse de l'ex rébellion du Front
patriotique rwandais (FPR, aujourd'hui au pouvoir) alors sous le
commandement de l'actuel président Paul Kagame. En 1997-1998, les
anciennes Forces armées rwandaises (FAR) désignées désormais sous
l'appellation peu enviable de « Forces défaites » (ingabo zatsinzwe) - tentent
vainement, à partir de l'ex Zaïre [actuelle République démocratique du Congo,
ndlr], de regagner leur pays par les armes. Elles sont alors regroupées dans
une structure nommée Armée de libération du Rwanda (ALIR). L'ALIR ayant
été portée plus tard par Washington sur la liste des mouvements terroristes... le
mouvement politico-militaire se rebaptise Forces démocratiques de libération
du Rwanda (FDLR). Cette nouvelle formule permet à Harerimana de sortir à
nouveau de lombre, avec le titre de Commissaire politique des FDLR pour la
République démocratique du Congo.
 
La roue de la fortune
 
Les choses commencent plutôt bien, le gouvernement de Kinshasa souhaite
alors présenter les FDLR comme un interlocuteur valable pour Kigali qui
soutient militairement l'opposition congolaise. Mais, avec le temps, la roue de
la fortune va tourner en sens inverse. Le 30 juillet dernier, en Afrique du Sud,
les présidents Kagame et Kabila signent, au terme d'âpres négociations, un
accord de paix [laccord de Pretoria, ndlr] prévoyant le désarmement et le
rapatriement d'anciens membres des Forces armées rwandaises encore
présents sur le territoire congolais. Les deux hommes se donnent alors quatre-
vingt-dix jours pour mettre en application le contenu de laccord. Mais
apparemment très lié aux ex FAR qui se battent dans les rangs de son armée,
Kabila traîne des pieds. Et quand approche la fin de l'échéance,  Kinshasa,
sous la pression conjuguée des Etats-Unis et de l'Onu, se contente de se
défaire des Renzaho et Bizimungu pour les remettre au tribunal dArusha. Si
timide que soit ce geste, il marque, en tout cas, le début d'un sursis pour les
FDLR dont beaucoup appartiennent aux ex FAR.
 
Ceux qui tombent dans les filets
 
Fin octobre Kagame et Kabila se rencontrent à nouveau en Afrique du Sud
pour évaluer la mise en application de laccord du 30 juillet. A son retour à
Kigali, le président rwandais se montre très optimiste. La suite ne tardera pas à
prouver que le président du Rwanda est rentré dAfrique du Sud avec en
poche des promesses fermes de la part de son homologue de Kinshasa. Fin
octobre, l'armée et la police congolaises vont en effet traquer des membres et
des sympathisants des FDLR. Ceux qui tombent dans les filets sont rapatriés
au Rwanda. Parmi eux, Harerimana. Il se retrouve au Rwanda début
novembre, sans s'y être préparé le moins du monde. Le 6 novembre, il est
interpellé par le parquet. «  Les gens du quartier de Gikondo quartier où il
officiait en 1994 - l'accusent davoir joué un grand rôle dans le génocide »,
explique Gahima. Le procureur général rwandais ajoute qu« il existait déjà un
dossier à charge de Harerimana et de son épouse Nyiramagambo détenue
depuis 1998 à la prison centrale de Kigali ».
Le deuxième accusé, Nyagasaza, fuyait lui aussi au Congo en 1994. Il rentrera
au Rwanda dans ce que l'histoire récente de la région appelle désormais « le
rapatriement massif de 1996 ». Peu après son retour, il reprend le chemin de
l'exil résolu à s'établir cette fois-ci, plus loin. Nairobi, la capitale kenyane,
paraît le mieux répondre aux choix de cet ancien commerçant qui espère se
remettre à flot.
Fin octobre dernier, il quitte la ville kenyane pour participer à Kigali aux
travaux du deuxième Sommet national sur l'unité et la réconciliation. « Nous
avons été surpris de le voir au sommet car nous savions bien qu'il figurait sur la
liste des suspects de génocide de la première catégorie [planificateurs, auteurs
de viol, tueurs de renom, ndlr], avoue Gahima. Nous avons pris le temps de
réexaminer son dossier et nous l'avons arrêté après le sommet », précise le
procureur général rwandais. L'homme loge, depuis, à la prison de Gisenyi, au
nord du pays, sa région natale.
 
A Kigali, le 20 novembre 2002
Ephrem Rugiririza