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J. d. D. Mucyo, Ministre de la Justice depuis 99.
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Premier rescapé du génocide à ce poste.

Si Gacaca échoue, le ministre de la justice assumera-t-il ses responsabilités?

 

Gacaca n'est pas la première expérimentation dans le domaine de la justice post-génocide. Juste après le génocide d'autres "solutions miracles " ont été essayées après que notre gouvernement ait rejeté l'idée que des juges étrangers participent aux procès du génocide. Au lieu de cela des formations judiciaires accélérées ont été mise en place pour des finalistes du secondaires, des chômeurs, des membres des forces armées et d'autres qui n'ont pu traiter que 5000 cas en plus de 6 ans. Des Commissions de Triage Mobile ont été également installées pour identifier les personnes injustement emprisonnées ou celles dont les crimes étaient relativement mineurs ... malheureusement plusieurs prisonniers libérés par ce moyen ont été lynchés en rentrant chez eux. L'aveu et le plaidoyer de culpabilité est une autre procédure qui a été introduite avec l'aide de d'avocats militaires américains: ça n'a pas donné grand chose, les idées c'est très bien encore faut-il travailler pour les appliquer. Toutes ces expériences (j'avais oublié les procès collectifs) ont échoué lamentablement en raison de sabotage interne et faute de volonté politique (ce qui est la même chose) mais aucun ministre de la justice n'a jamais démissionné pour cela.

 

Cette fois-ci, nous sommes en 2002, le ministre Mucyo et son gouvernement vont-t-ils assumer leurs responsabilités dans le cas d'un nouvel échec (très probable) et démissionner ou bien on nous proposera un autre tour de magie (amnistie générale, prisonniers jugeant leurs pairs, tribunaux privatisés...) qui sera testé pendant encore 4 à 5 années avec la bénédiction des bailleurs de fonds bi/multilatéraux?

 

Si Gacaca échoue, le gouvernement ou du moins le ministre de la justice donnera-t'il sa démission? D'après ce que l'on a pu observer ces huit dernières années, la réponse est malheureusement NON. Tout simplement on continue d'expérimenter. (juin2002)

 

Acquitté en Cellule Z de la Commune Y, condamné à mort en cellule W de la Commune X 

 

 Imaginez des crimes qui ont emporté un million d'individus (entre 500 et 800 mille selon certaines sources), 130 000 (chiffres approximatifs inchangés depuis 1998, malgré ou à cause des décès, des libérations et des nouvelles incarcérations, officiellement on parle de plus en plus de 115 000) détenus suspects de génocide, et des milliers de plus ou moins coupables en liberté pour cause de réalisme politique, d'absence de preuve et de témoins non coopératifs. Après avoir essayé de désengorger les prisons (dès 95) avec les défuntes commissions de triage de feu Seth Sendashonga et la procédure anglo-saxonne d'aveu et de plaidoyer de culpabilité, le Rwanda annonce l'arrivée de la solution miracle Gacaca depuis plus de trois ans. A la base de ce recours au système traditionnel rwandais de réglement des petits conflits, il y a les travaux de l'ancien chercheur de l'institut Rwandais des Sciences et des techniques (IRST, Butare) le professeur Philibert Kagabo. En 1997 déjà, il appliquait sur les collines, les premiers enseignements de son travail dans le cadre de la résolution pacifique des conflits et ... il n'est pas passé inaperçu dans le radar d'un gouvernement en manque de solution.

L'idée de règler des centaines de milliers de dossier judiciaire au niveau local par les citoyens (victimes, bourreaux et témoins passifs) eux-mêmes semble à première vue une idée géniale si pas la seule imaginable. Mais en pensant à la préparation des dossiers (qui ont été une mer à boire pour l'administration de la justice classique) et au suivi des décisions qui seront prises dans les dizaines de milliers de cellules, secteurs et communes on doit s'interroger sur la faisabilité du projet.

Comment une personne acquittée par un tribunal du fin fond de Gikongoro ou de Kibungo au niveau le plus bas (cellule) pourra-t-elle faire valoir ce jugement si une administration ne s'occupe pas d'enregistrer son cas et de lui délivrer un document officiel. Les plus de 250 mille juges de 11 000 tribunaux-gazon seront-ils en même temps juges, greffiers, secrétaires, officiers d'état-civil et archivistes ? Ou bien des dizaines de milliers de fonctionnaires au ministère de la justice et de l'intérieur les assisteront dans la gestion des dossiers pour que X acquitté en cellule Z du secteur Y en commune W de la province Q ne se retrouve pas le lendemain en détention dans la cellule K du secteur V...... pour des crimes traités la veille. Rendez-vous dans quelques mois pour vérifier que la mission de Procureur Suprême Gérald Gahima et de son Ministre Jean de Dieu Mucyo est possible !    (2001) 

 

 

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