Rwanda Rugali
Commentaire du Soft de Kin'

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A l'Est,
la logique du chaos
(Le Soft 09/10/2002)
Le retrait massif de l'ex-Zaïre des 23.400 soldats de l'APR, l'Armée
Patriotique Rwandaise, réalisé en dix-neuf jours, du 17 septembre au 5
octobre, par avions et camions entiers, a été trop précipité, le moins que
l'on puisse dire. Sans doute que le Rwanda, exaspéré par les accusations de
pillage des richesses de son voisin de l'Ouest et par des pressions
accentuées avec la perspective d'une nouvelle guerre du Golfe qui a mis
l'Afrique Centrale et le bassin du Congo pétrolier aux agendas mondiaux, a
voulu en finir au plus vite et, en même temps, s'est mise en place une
stratégie du pire, sinon une logique de chaos principalement à l'est du pays
où prolifèrent des clans Maï-Maï, des combattants Hutus de toutes obédiences
dont ceux formés par l'APR - pour les besoins de la cause ? - et,
semble-t-il, depuis peu, le réseau Al Quêda de Bin Laden. Paul Kagame, en
agissant là où nul ne l'attendait, a surpris mais aussi fait montre de
facherie. Il est vrai que plus les semaines passeront, plus le RCD-Goma, son
allié - qui déjà ne contrôlait que des villes encerclées par des groupes
Maï-Maï et des ex-FAR - ira à la désintégration finale. Le temps ne joue pas
pour le RCD-G. Beaucoup - machavéliques - à Kinshasa seraient tentés de
jouer l'effacement d'un mouvement cordialement détesté dans l'opinion
publique mais ce serait politiquement irresponsable de faire retarder une
nécessaire et urgente reprise en mains du pays entier. Il est urgent de
former dans la Capitale un Gouvernement fort, crédible parce que réellement
représentatif, capable de faire face à cette crise majeure qui à nouveau
menace le pays. Le pire dans les Kivu est devant nous.
Par TRYPHON KIN-KIEY MULUMBA.
 
Théoriquement, le dernier soldat rwandais a quitté l'ex-Zaïre samedi 5
octobre à 13h30', heure de Goma dans un convoi de camions transportant 1.100
hommes. Le Rwanda a ainsi officiellement mis fin à son intervention
militaire en République Démocratique du Congo.
Le général-major Paul Kagame, chef de l'État rwandais, en avait pris
l'engagement, personnellement, le 13 septembre à New York, lors d'une
réunion du Conseil de sécurité tenue en marge de l'Assemblée générale des
Nations Unies (la 57ème), répété devant le président américain George W.
Bush et le chef de l'État sud-africain Thabo Mbeki, également président en
exercice de l'UA (Union Africaine), au cours d'un petit-déjeuner continental
au Warldorf Hotel réunissant huit autres dirigeants d'Afrique Centrale dont
le Congolais Joseph Kabila. Passant de la parole aux actes, Paul Kagame
faisait entamer le retrait de ses troupes, comme annoncé, dès la semaine
suivante, le 17 septembre.
Dans la crise des Grands lacs et particulièrement dans la guerre dans
l'ex-Zaïre, les événements se sont particulièrement accélérés ces derniers
temps. Alors que le président Kagame répétait sans cesse qu'il prendrait
langue à Kinshasa qu'avec un Gouvernement «responsable», c'est-à-dire issu
de négociations politiques inter-congolaises instituées par l'Accord de
cessez-le-feu de Lusaka et avait durci sa position au lendemain de l'échec
du Dialogue de Sun City en Afrique du Sud, au point d'inspirer, dès le
lendemain de la fin des travaux de Sun City, le 20 avril, la création d'une
nouvelle coalition politique congolaise (l'ASD, l'Alliance pour la
Sauvegarde du Dialogue inter-congolais dont il confiait la présidence - fait
majeur - à l'opposant historique Étienne Tshisekedi), il donnait ordre à ses
émissaires, le ministre à la Présidence Patrick Mazimhaka en tête, lors du
lancement de l'UA à Durban, dans la même Afrique du Sud, le 9 juillet
dernier, d'entamer des négociations directes avec des représentants du
régime de Kinshasa conduits par le ministre à la Présidence et au
Portefeuille, Augustin Katumba Mwanke, un très proche du général-major
Kabila. La surprise était a son comble lorsque moins de deux semaines après,
les deux parties annonçaient à Pretoria avoir atteint un accord de paix qui
allait permettre dans les trois mois aux troupes rwandaises de quitter la
Rd-Congo contre une promesse des Congolais de désarmer et de renvoyer chez
eux les miliciens Interahamwe et les soldats ex-FAR rwandais responsables du
génocide de 1994. En réalité, soumis à d'énormes pressions politiques et
diplomatiques, Kigali, cherchait, dans l'imbroglio congolais, les voies de
sauver la face, encouragé par Thabo Mbeki, le parrain de toujours.
Au cours des derniers mois qui avaient précédé l'Accord de Pretoria, paraphé
par Kabila et Kagame le 30 juillet, le Rwanda avait en effet enfoncé le
couteau dans la plaie saignante congolaise, notamment sur les hauteurs de
Minembwe/Itombwe, province du Sud-Kivu, où, sous prétexte de punir le
commandant «cousin» Patrick Masunzu, un Tutsi Banyamulenge qui avait osé
contester son pouvoir, il avait mis sur ses trousses dès février dernier,
plusieurs brigades et des hélicoptères de combat. Voulant capturer mort ou
vif le chef rebelle qui servit jadis dans les rangs de son armée et fit
partie des 800 héroïques combattants qui prirent part à l'opération du
Parlement rwandais à Kigali en novembre 1994 qui précipita la fin du régime
Habyarimana, Kigali avait décrété zone de guerre les hauts-plateaux d'Uvira.
Si le gouvernement de Kinshasa ne put soulever le moindre doigt dans cette
tragédie que les FRF (les Forces Républicaines Fédéralistes), l'aile
politique Banyamulenge, désignaient comme une «nouvelle opération
d'extermination du peuple Banyamulenge», dans les chancelleries par contre,
la désapprobation a été totale. Si la MONUC, la Mission des Nations Unies au
Congo, a demandé d'y aller faire un tour en compagnie des ONG de droits de
l'homme, la réponse a mis du temps à venir. De partout, même des
gouvernements amis, les soupçons montaient en puissance et Kigali s'isolait
chaque jour davantage. Même au Rwanda. Au point où, excédés par les
critiques notamment des milieux intellectuels et universitaires surpris
qu'une course-poursuite de l'APR ait pu ainsi être lancée contre un citoyen
congolais, les dirigeants rwandais estimaient devoir organiser une campagne
d'opinion en direction du pays, en présence des derniers Banyamulenge
pro-rwandais (Ruberwa Azarias, Bizima Karaha, Moïse Nyarugabo) sur le thème
«les Banyamulenge sont des Rwandais» fragilisant encore un peu plus la
position congolaise de ces derniers «Mohicans.» Mais qu'importe ! Kigali
visait un but : légitimer sa nouvelle guerre congolaise.
Connu pour sa capacité de justification, le régime qui, de tous temps,
frappe le premier - et réussit ses coups - est aussi célèbre pour son
pragmatisme. S'il aime à bomber le torse, il est aussi celui qui abandonne
le premier le terrain d'affrontement. C'est le cas lors de la guerre
d'occupation de la ville de Kisangani où il croisa le fer, en février 2000,
trois jours durant, avec son puissant voisin économique oriental, l'Ouganda.
Il a suffi que le Conseil de sécurité s'en dise ému pour que l'armée
rwandaise quittât les lieux près qu'elle eût administré des coups à
l'ancienne armée alliée et sur. C'est que le régime ne peut résister aux
pressions internationales. Dépourvu de tout, doté d'aucune richesse
naturelle hormis la banane verte et le thé, unique produit d'exportation, le
sol de ce minuscule pays qui ressemble à une oreille du Congo, est aride en
majeure partie. S'il survit, c'est grâce à la bonne gouvernance financière
de ses dirigeants. Là où l'inflation économique atteint plusieurs zéros, le
Rwanda, grâce à une politique drastique qui fait des émules, l'a maîtrisé à
moins de 4 pc (contre 65 pc en 1994 à l'arrivée du FPR) alors que la
croissance économique atteint les 6 pc, grâce au secteur agricole. Le Rwanda
vit surtout de l'aide internationale. En premier celle en provenance de
l'Allemagne Fédérale, l'ancienne puissance tutélaire - qui intervient
annuellement dans son budget - mais aussi des États-Unis d'Amérique et la
Grande-Bretagne dont le poids conjugué dans les institutions de Bretton
Woods a permis ces dernières années d'effacer la quasi-totalité de la dette
extérieure rwandaise. A Londres, Clare Short, la ministre déléguée au
Développement international, ne jure que par Kigali au grand dam de Jack
Straws, le patron du foreign Office... Mais, sous la pression de Paris, qui
n'a jamais accepté que Kigali ait pu exploiter les échecs de sa diplomatie
dans la région, notamment dans l'opération militaire «la turquoise» qui
exfiltra des généraux d'Habyarimana, et de la Belgique dont le Vice-premier
ministre en charge des Affaires étrangères Louis Michel est resté très actif
aux côtés de Kinshasa, Kigali perdait chaque jour de sa superbe dans les
cercles diplomatiques notamment au Conseil de sécurité où règne un diplomate
de choc, ...le Français Jean-David Levitte. Les différentes enquêtes
diligentées par le Conseil de sécurité sur l'exploitation illégale des
richesses naturelles du Congo révélaient un véritable pillage. Sous de beaux
arguments de sécurité nationale, Kigali aurait fait main basse sur
l'économie de son riche voisin. Une nouvelle enquête était en voie d'être
publiée quand le Rwanda a annoncé le retrait de ses troupes, soit les 23.400
hommes, même des trois villes stratégiques car frontalières, Goma, Bukavu et
Uvira. Ce qu'en réalité, personne publiauement, ne lui avait demandé.
Exaspéré par les critiques sur le pillage des richesses du Congo, confronté
à la logique de sanctions, ce pays dont les services de renseignement sont
parmi les plus performants, a peut-être voulu prendre le devant sur ses
«détracteurs» en faisant état de sa mauvaise humeur.
Autre volet et non des moindres est la volonté du président Bush de faire
disparaître «l'axe du mal» et donc d'extirper le cercle de «pays voyous.»
Engagés dans la guerre contre le terrorisme et contre le mouvement Al Quêda
dont des traces sont visibles dans l'ex-Zaïre, les Républicains au pouvoir à
Washington connus pour leur pragmatisme, contrairement aux Démocrates au
pouvoir lors du génocide rwandais, avaient, ces derniers mois, plusieurs
fois fait passer des messages très clairs à Kigali. S'ils comprenaient la
tragédie du génocide et la volonté de l'APR de traquer les criminels, ils
s'expliquaient mal la poursuite de la mise en coupe réglée d'un voisin par
l'occupation ostentatoire de son territoire, de même que les nouvelles
guerres qui étaient menées à l'intérieur du Congo, notamment celles contre
des opposants politiques - allusion claire à Masunzu, l'un des symboles de
la résistance anti-rwandaise. Pour plaire à Kigali, l'administration
américaine avait mis l'ALIR, l'Armée de libération du Rwanda, qui regroupe
des combattants hutus poursuivis pour génocide, sur la liste de «l'axe du
mal.» Washington annonçait plus tard qu'elle faisait récompense de 5
millions de dollars à quiconque donnerait des informations permettant de
capturer les responsables du génocide recherchés par le TPIR. Pourtant, tout
le monde savait que ces gourous se pavanaient dans des salons matelassés de
Kinshasa et sur des aéroports d'Afrique centrale. Avait-elle besoin de les
arrêter que Washington n'avait qu'à en faire la demande à Kinshasa. En
annonçant sa récompense, l'administration Bush a voulu faire dans la
dramatisation en envoyant un message à deux destinataires : à Kigali et à
Kinshasa qui savaient désormais que Washington avait placé une limite. Ni la
poursuite de l'occupation du territoire congolais, ni celle de la
collaboration avec les forces négatives ne serait désormais tolérée par la
grande puissance de la terre. Les menaces répétées contre le régime de
Saddam Hussein en Irak avec à l'horizon une nouvelle crise du pétrole, a
tout précipité. Le bassin du Congo pétrolier (Angola, Gabon,
Congo-Brazzaville) est ainsi soudain devenu une possible alternative au
Golfe Persique et donc une région à sécuriser. Voilà comment l'Afrique
Centrale s'est inscrite aux agendas mondiaux et s'est invitée au
petit-déjeuner continental de George W. Bush.
Reste que ce retrait massif qui a eu lieu est loin de s'être effectué en bon
ordre, ni dans la transparence. Portait-il en lui un agenda caché ? Il sent
en tout cas un coup de colère et fait voir une stratégie du pire. Au
lendemain du retrait à Kindu le 17 septembre, des groupes Maï-Maï affiliés
au chef Padiri Korando s'emparaient de la ville. Le même scénario se
déroulait un peu partout dans le Nord aussi bien que dans le Sud-Kivu :
Shabunda tombait dans les mains du même Padiri, tout comme Hombo et Itebero.
Fizi, sur les bords du lac Tanganyka, était investie par le duo
Dunia-Madowadowa Lokole. Kalunda revenait à Baudouin Nakabaka, Pinga à
Tasibanga, Mpofi à Kasikira alors que Kiliba, dans la plaine de la Ruzizi,
qui abrite une sucrière, passait sous contrôle d'un énième groupe. Tandis
que Masunzu se rendait maître le 28 septembre des Hauts et moyens plateaux
du Sud-Kivu immédiatement après le départ des troupes de l'APR déployées
dans ces vastes territoires au sommet des montagnes dominant les rives
nord-ouest de Tanganyka, le Dr Akilimani s'emparait de Ntoto et de
Kashebere. Et la série se poursuivait alors que le 8 octobre, on annonçait
des combats à Uvira.
Il apparaît que le RCD-Goma, dont l'existence réelle avait été mise en doute
par tous les observateurs, ne pouvait suivre le mouvement de retrait de son
allié rwandais. Si à la veille de la réunion du Conseil de sécurité, il
avait été informé des intentions du Rwanda, manifestement, il ne lui avait
été guère laissé le temps de s'organiser correctement. Lui aurait-on laissé
le temps que le RCD-Goma n'aurait guère accompli de miracles. Dans le passé,
au grand désarroi des généraux rwandais, aucune campagne de recrutement, de
mobilisation ou d'implantation politique n'a porté de fruits. Véritable
organisation virtuelle dont la prise en compte par les chancelleries
occidentales, n'a été possible que pour permettre au Rwanda de se retirer du
Congo, ce mouvement est né pour accéder au pouvoir par la voie de la
négociation, non par celle de l'élection. Mais le RCD-Goma se défend comme
il peut : souvent, en dégarnissant des positions aussitôt occupées par les
groupes armés Maï-Maï qui prolifèrent dans la région et en en renforçant
d'autres. En quittant le Congo, Kigali a conseillé son ancien allié
militaire d'engager des négociations avec les Maï-Maï, s'il veut survivre
mais ceux-ci ont rejeté l'offre exigeant au contraire via le CRID, le Comité
Maï-Maï de résistance pour l'intégrité du territoire et la restauration de
l'État de droit, la dissolution du RCD-G, «la cause, à la base de sa
manifestation-apparition ayant disparu.» N'ayant guère gagné de victoire
militaire, le RCD, au fur et à mesure que l'étau se resserrait autour de
lui, apparaissait politiquement fragilisé. Du coup, les Tutsis congolais
encore présents dans les Kivu sont projetés quatre ans en arrière, en
juillet 1998, lorsque Kabila-Père décida de renvoyer chez eux les soldats
rwandais. Beaucoup ont mis à l'abri femmes et enfants, au Rwanda, en Europe
voire aux États-Unis, et restent sur leurs gardes. Il y a quelques jours,
face à la grande anxiété, Renier Nÿskens, l'ambassadeur belge à Kinshasa, en
visite à Goma, a rassuré ses interlocuteurs en leur disant qu'à Kinshasa, il
y a des Tutsis Banyamulenge et autres qui viennent et partent, sans être
inquiétés, oubliant qu'il s'agit d'hommes qui n'ont jamais quitté Kinshasa
ou qui ont la conscience tranquille (ni Makobola, ni Kasika, ni Mwenga, ni
Kisangani, etc.)
Dans une interview à l'agence belge Belga, le président Kagame déclare le 23
septembre que son pays, «à l'avenir, n'apportera plus son soutien à cette
organisation» (le RCD-Goma). «Et nous consacrerons les moyens ainsi libérés
à la reconstruction de notre pays.» Le président poursuit : «Le vide créé
par notre départ peut engendrer de gros problèmes. Regardez ce qui s'est
passé dans le Kindu il y a quelques jours. Le dernier avion transportant des
troupes rwandaises avait à peine décollé que les miliciens Maï-Maï étaient
déjà en train de se battre avec des troupes du RCD. Je me préoccupe de
l'avenir des Congolais d'origine rwandaise. J'ai averti le Conseil de
sécurité de l'ONU que c'est à lui maintenant de garantir la sécurité de
cette minorité.» Kagame promet néanmoins de revenir avec fermeté au Congo
«si nous sommes à nouveau attaqués sur notre propre territoire.»
Reste cette transition de tous les dangers que son retrait a ouverte. Le
général James Kabarebe, chef d'état-major général, se veut rassurant.
S'adressant aux journalistes à Sake, localité du Nord-Kivu à l'occasion du
départ des premiers 600 soldats rwandais, il explique que l'APR «ne laisse
aucun vide derrière elle. La MONUC doit désormais désarmer les Interahamwe.
L'Afrique du Sud et le RCD sont là. Mais si la MONUC, l'Afrique du Sud et
Kabila ne respectent pas leurs engagements et laissent les Interahamwe
attaquer le Rwanda, nous nous défendrons et nous riposterons.» S'il ne dit
rien du soutien que l'APR pourrait apporter au RCD-Goma en cas de
difficultés face à une attaque d'envergure, celui-ci est évident. Si les
originaires du Kivu qui ne peuvent plus s'hasarder sur les escarpements où
nul ne les accepterait, restent encore à Goma et si des derniers
non-originaires se maintiennent encore dans cette ville frontalière du
Rwanda, c'est que, nul doute, ils ont reçu les assurances de l'Armée
Patriotique Rwandaise, attendant la dernière explication armée. Le pire est
à venir dans les Kivu.
 
 

KIN-KIEY MULUMBA.

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