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RWANDA :

FIN DE TRANSITION.

 

Un rapport de plus.

 

    Ces jours-ci, les uns après les autres, les rapports pleuvent sur le Rwanda : lOnu encore une fois sur le pillage du Congo ;  IPIS1, ( un groupe belge subventionné par NOVIB, organisation de coopération néerlandaise)  sur le même sujet ;  le REC ( Réseau Européen pour le Congo, association dong européennes pilotée à partir de Bruxelles) pour nier la sortie de larmée rwandaise de la RDC ; et jen passe. La commission sénatoriale belge sur le pillage du Congo choisit ce moment  pour visiter le Rwanda. Cest le moment que choisit également lICG pour sortir un rapport-prophétie sur léchec de la prochaine sortie de transition au Rwanda.

    Un tir groupé, comme on voit, et une alliance hétéroclite dont lunique lien est la cible commune, le Rwanda. A telle enseigne que, récemment , « Jeune Afrique lIntelligent »  ( du 4 10 Nov.02) se demandait à juste titre  « pourquoi un tel  acharnement ».

    LAlliance des oppositions rwandaises en exil voit là comme un frémissement dalliés objectifs ; elle inaugure une cour empresssée à la dame patronesse du TPIR et se remet à  pousser la chansonnette du dialogue inter-rwandais.

    Le dernier rapport de lICG  sur le Rwanda (13 Nov.2002) est composé de trois parties disparates : des faits qui témoignent des efforts incontestables du Rwanda, des commentaires personnels dune hostilité systématique et un florilège de racontars et douï-dire . Le lecteur averti, ou simplement attentif, sil nest pas allergique au FPR, séparera  aisément la paille et le grain.

 

 

      Le consensus et la démocratie.

 

    Le rapport de lICG, en effet, ne porte pas tant sur le Rwanda que sur le FPR qui occuperait seul le champ politique pour avoir imposé aux autres un discours unique : le  discours sur lunité et la réconciliation, refusant ainsi, dit-on, aux autres formations politiques la possibilité de développer un discours contradictoire. Car la liberté pour laquelle plaide lICG est une liberté sans frontières et sans entraves : la liberté de tout dire et de tout faire au Rwanda. En imposant le consensus sur lunité et la réconciliation des Rwandais le FPR tuerait ainsi la liberté et, par ricochet, la démocratie.

    On comprendrait à la rigueur que lICG plaide lincompatibilité du consensus et de la démocratie dans un cénacle de philosophie théorique. Il est bien diffcile de concevoir lexistence dune nation sans un minimum de consensus sur quelques valeurs essentielles partagées ; pour le Rwanda lunité et la coexistence pacifique de ses habitants appartiennent à ce minimum de valeurs essentielles  sur lesquelles il nest pas disposé à transiger. Le Rwanda ne peut suivre les experts de lICG quand ils prétendent que « la doctrine et la politique de lunité est en contradiction directe avec lexercice des libertés politiques et du pluralisme ». Car enfin quelle liberté le Rwanda refuse-t-il sinon la liberté de rendre impossible la coexistence des Rwandais ?                                               

    Les Rwandais, à ce moment de leur longue histoire, ont le choix entre sexterminer, se séparer ou vivre ensemble ; ils ont choisi de vivre ensemble. Pour cela ils doivent se réconcilier. L« unanimisme à la rwandaise » dont semble se moquer  le rédacteur du rapport ICG nest pas un unanimisme de façade, ni un unanimisme de contrainte et de résignation, mais un unanimisme de conviction.                                                                               

    Le débat sur la démocratie se situe ailleurs. Il sagit de la souveraineté du peuple qui confie le pouvoir politique aux citoyens de son choix. Les experts de l8CG donnent limpression didentifier la démocratie avec les formes concrètes quelle a connues à travers lhistoire occidentale, et même française : les partis innombrables (uruhuli rwamashyaka), le désaccord et la contradiction permanente, la liberté de tout faire et nimporte quoi,et jen passe. Autant de traits qui appartiennent plus au caractère de tel ou tel peuple  quà la démocratie. Pourquoi ne pas reconnaître aux jeunes peuples cette liberté, qui est essentielle aussi, dinventer le style de démocratie qui correspond à leur culture et à leur histoire ?                                                                          

    Un des obstacles au progrès de lAfrique est peut-être cette volonté constante de lui imposer les emballages occidentaux de la civilisation ; peut-être est-ce là une explication, parmi dautres, des échecs africains.

 

 

Le poids politique du FPR.

 

    Dans le paysage politique rwandais le poids  du FPR est incontestable ; il nest pas le résultat dune contrainte exercée sur les autres formations politiques. Il est le résultat de circonstances historiques et se fonde sur ce que le FPR a fait pour le Rwanda.                                                                                                                                     

    Après avoir sauvé le peuple rwandais dun péril essentiel lextermination le FPR a préféré partager le pouvoir avec ceux qui navaient pas sombré dans le génocide ; pourquoi chercherait-il aujourdhui à reprendre en catimini un pouvoir dont il pouvait semparer seul à une époque plus favorable ?

    Le MDR-Parmehutu, par exemple, ne doit pas sa faiblesse et son éclatement à laction du FPR ; il le doit  à ce que lICG appelle ses « ambiguïtés », sans compter que le MDR nest pas à son premier éclatement : il éclatait déjà sous la présidence de son fondateur dans les années qui ont suivi immédiatement lindépendance en 1962. Le régionalisme hier, lethnisme aujourdhui empêchent ce parti de sortir de ses ambiguïtés. Au lieu de lachever, le FPR a tenté de lui tendre une main secourable, sans rencontrer toujours de la reconnaissance ou de la compréhension.                                                                                                                                                                   

    LICG estime, au contraire, que le FPR a privé ce parti de ses hommes forts, dont Pierre-Célestin Rwigema. Libre aux experts de considérer PCR comme « un leader denvergure nationale ». Je ne connais pas assez PCR pour dire le contraire. Ce que jai lu et entendu au départ de Faustin Twagiramungu (« un leader denvergure nationale ») cest que PCR était au contraire « un Hutu de service » . Jai lu également contre PCR dans la presse rwandaise («atrophiée et muselée ») des attaques durables, de 1995 à son départ du gouvernement. La presse  indépendante (« atrophiée et muselée », selon lICG) laccusait davoir eu une part dans le génocide. Cela se lisait dans la presse non officielle (« atrophiée et muselée ») au moment où le gouvernement, en attendant des preuves, portait à bout de bras PCR (« un leader denvergure nationale »). Les experts ont peut-être raison ! Lexpert a ses raisons que la raison ne connaît pas.

     Hypothèse pour hypothèse ! PCR aurait tenté déchapper à Gacaca, une redoutable justice de proximité ;

dautres Rwandais, qui ne peuvent se payer lAmérique, changent de nom et de province.

     Joseph Sebarenzi Kabuye (JSK), ancien membre du PL et ancien président de lANT,  serait une autre victime de la recherche effrénée du consensus par le FPR. Il convient daller y voir de plus près.                                                                                                                              

    Une idée reçue veut que le FPR se soit toujours désintéressé des rescapés du génocide, malgré leffort institutionnel et financier énorme que le FPR na jamais cessé de soutenir de façon décisive et souvent de promouvoir avec une générosité dont les seules limites sont la modicité des ressources nationales. Mais, après tout,  nest-ce pas grâce au  combat du FPR  dans tous les sens du terme -- que les rescapés ont pu échapper au génocide ? Que pouvait, en regard, exhiber JSK (un honnête homme, au demeurant) pour disputer au FPR les voix des rescapés ? Quant à « lalternative tutsie » quaurait pu offrir JSK, elle plonge ses racines dans limaginaire occidental qui ramène toujours les termes du débat politique rwandais à la fascination ethnique.

    Lignorance nautorise pas tout ! Ni les bobards selon lesquels JSK aurait été lunique champion de la lutte contre la corruption (initiée par dautres avant son apparition sur la scène parlementaire) ou lunique défenseur de lindépendance du parlement.  Si JSK sest battu pour la cause des rescapés et contre la corruption cela est à son honneur mais non son monopole. Au reste, la cause des rescapés est une cause nationale ; il serait indécent que tel ou tel parti, telle ou telle personnalité politique  accapare la souffrance des rescapés pour soutenir sa politique. 

    La force du FPR est faite aussi de la faiblesse de ses partenaires. Les partis politiques rwandais sont sortis du génocide fortement fragilisés ; certains de leurs membres y avaient trempé tandis que dautres en avaient été les victimes ou étaient partis en exil. Aux yeux du peuple les partis avaient perdu tout prestige et toute crédibilité. Ce qui explique lallergie populaire aux partis répandue au Rwanda, nen déplaise aux experts de lICG, et même dans un pays voisin comme le Burundi, comme la montré un reportage récent de la BBC.                                                                          

    Le FPR, au contraire, au sortir du génocide a vu affluer un grand nombre dadhérents beaucoup plus nombreux que les rares défections que le rapport monte en épingle. Ils ne sont dailleurs pas tous venus au FPR pour partager la part de pouvoir quavaient assignée à cette formation les Accords dArusha et  la fin lamentable du MRND ; un bon nombre de ceux que le rapport recense avec jubilation dans lannexe E (Sensibilités politiques des principaux dirigeants rwandais), pour démontrer le monopole politique du FPR, occupaient ces postes ou dautres similaires avant de saffilier à cette formation. 

 

Le multipartisme.

 

    Quand le peuple a demandé que les partis nexistent plus ou quils restent à Kigali ( lexpert a compris de travers que  «  la politique doit se faire à Kigali et non dans la population»), il a fallu  la patience des membres de la Commission constitutionnelle pour lui expliquer lutilité politique des partis. Le multipartisme est aujourdhui inscrit dans le projet de constitution. Il ne fait pas peur au FPR.                                                                                                                                                                

 

    Le FPR compte, en effet, trouver chez tous les Rwandais, hutus et tutsis, une base populaire au regard des  services rendus au pays ; contrairement à ce quimaginent les obsédés de lethnisme, les Rwandais sont beaucoup plus sensibles à leurs intérêts bien compris, parmi lesquels la paix, la sécurité et la coexistence pacifique .  Ils savent parfaitement que laction du FPR y est pour beaucoup. Prétendre que le FPR a peur des urnes à cause du grand nombre des Hutus parmi les citoyens rwandais, relève de cette fascination de lethnie qui caractérise encore aujourdhui un grand nombre dexperts européens.

    Le projet politique du FPR nest nullement basé sur lhomme ethnique  mais sur le citoyen rwandais.  Et ce nest pas là «  nier les problèmes ethniques » , comme lécrit ICG. Quand il combat le génocide des Tutsis, quand il participe à un gouvernement qui a supprimé le port sur soi du label ethnique, qui a supprimé les quotas ethniques pour laccès à léducation et au travail, cest précisément pour mettre fin aux problèmes ethniques, ce nest pas pour les nier. Une certaine opposition, par contre, voudrait apporter au Rwanda cette chose inouïe de mémoire de Rwandais : la juxtaposition des communautés ethniques au lieu de la coexistence mêlée, depuis des siècles, des citoyens rwandais. En somme le renoncement à relever le citoyen rwandais dun long ethnisme et lacceptation résignée de lincompatibilté des ethnies. Une pseudo-solution, une « fausse bonne idée »  qui na ni passé ni avenir ; le passé fut un long effort, que dautres Africains nous envient, pour dépasser lethnie et accéder à la citoyenneté ; pour construire un avenir durable, il faut revenir à ce palier que la république ethnique  a quitté pour descendre dans léthnie, puis dans le régionalisme et dans la petite famille à la manière de Habyarimana, pour sombrer enfin dans le génocide.                                                                                                                      

    Pour remonter la pente et revenir à la citoyenneté, oui,  il faut « éduquer le peuple », « responsabiliser les leaders », « créer des institutions » et cela nest pas le discours politique du FPR seul, cest le discours de tous les Rwandais , nen déplaise à lICG, qui y voit, curieusement, la mort du rôle contradictoire de lopposition, sans lequel le Rwanda ne pourrait pas vivre, sans lequel lICG appellerait les bailleurs de fonds à affamer le Rwanda. Le sort de tout un pays  peut dépendre ainsi de lhumeur dun « expert » dont lignorance est mal compensée par le prestige de son organisation. 

 

Le  Forum des partis.

  

    Le FPR aurait commis, nous dit-on, le péché originel dorganiser au Rwanda le contrôle de la société et la discipline politique. Et ce nest quen levant lun et lautre, le contrôle et la discipline, que le Rwanda aurait quelque chance de bien sortir  de la transition.                                                                                                                

    Le Forum des partis est une trouvaille rwandaise que dautres pays de la région pourraient envier au Rwanda. LICG, au contraire, y voit une machine infernale destinée à broyer lopposition ; il se refuse à y voir un lieu de concertation pour prévenir ou résoudre les conflits.                                                                                          

    Lauteur  du rapport ICG, sil était médecin ou avocat nentrerait sans doute pas dans lordre des médecins ou des avocats, craignant ce quil appelle la dérive autoritaire. Mais en refusant toute discipline dans le fonctionnement des partis, lauteur du rapport ruine son crédit auprès de ses lecteurs qui savent comment les choses se passent dans le reste du monde.                                                                                                               

    Prétendre que, au Rwanda, cette discipline a pour but dasservir les partis au FPR  et de supprimer « toute possibilité de mobilisation politique et dopposition » ne suffira pas pour  faire prendre au sérieux lexpert. Ni le ton désinvolte affiché pour persifler léthique en politique. Cest vrai que, en bien des pays, la politique est devenue un implacable jeu de ruses où la fin justifie les moyens tandis que ailleurs la politique est perçue comme une exigence morale qui doit obéir à une éthique. Serait-il  interdit au Rwanda de promouvoir la morale en politique parce que cela est devenu ringard en Occident ? 

 

     

Vers la société sans contrôle ?

 

    Les experts de lICG semblent penser que dans le Rwanda daprès génocide on peut lâcher la bride à tous les instincts. Ce qui est impensable en toute société. On ne sy attardera pas. Mais ces experts prétendent que le contrôle exercé sur la société rwandaise est excessif et provient dune paranoïa sécuritaire.

    Dans un discours récent le président Kagame disait que la mauvaise perception des problèmes rwandais par les étrangers  provient de lignorance ou de lindifférence ou de la malveillance. Prétendre que le contrôle de la société rwandaise est  excessif et ne se justifie pas pourrait relever des trois à la fois.                                  :

    Regardons la société civile que le rapport dICG dit « disciplinée » avec sans doute une connotation péjorative. On trouvera difficilement un pays où les organisations de la société civile sont aussi nombreuses et aussi florissantes quau Rwanda. La société civile  y jouit également  dune grande considération.                                 

    Voici ce que disait récemment le président Kagame au sujet de la société civile. « We seek partnership with civil society. I think we truly have to create a civil society that is Rwandan and that is independent from the State, but is complementary ( à chacun son domaine) to the State in building our Nation. Civil society, therefore, ought to be critical but constructive in line with national goals » ( 8.8.02).  Nulle idolâtrie de la société civile, mais reconnaissance et respect de son rôle légitime. Ces paroles furent prononcées lors dune session de trois jours organisée avec la société civile pour évaluer les menaces qui pèsent sur la sécurité au Rwanda. Nous y reviendrons.                                                                                                                                                                

    La politique du Rwanda à légard de la société civile est donc basée sur le partenariat et la complémentarité. Quil y ait un va-et-vient  entre lEtat et la société civile nest que normal. Madame Solina Nyirahabimana, militante de la société civile, a été appelée à la Présidence ; bien dautres lauraient souhaité. Elle est entrée au FPR ; cest son droit. Au moment où jécris ces lignes la radio nationale  annonce quelle est nommée Ministre à la Présidence. Qui ne sen féliciterait ? Seul  lICG voit en tout cela un sombre complot du FPR pour contrôler de près Madame Solina Nyirahabimana et fragiliser son ancienne association.  Cela dépasse lentendement.

     Madame SN doit sa brillante promotion à sa compétence et non à son appartenance ethnique ( que jignorais avant de lire lICG) ; pour les experts de lICG, lorsquune instance jugée tutsie sassure la compétence dun(e) hutu, cest pour le/a neutraliser ; si on ne le fait pas, ce sera de la discrimination. Quoi quon fasse on sera condamné. Malveillance oblige !                                                                                                                              

 

     

Une presse atrophiée et muselée.

 

     Les experts de lICG ne sintéressent manifestement quà lanecdote et se préoccupent peu des difficultés structurelles de la presse rwandaise.

      En 1994, le métier de journaliste  était déconsidéré à cause de la participation au génocide de certains journalistes et de certains médias (cf les « médias de la haine ») ; les infrastructures étaient détruites ou abîmées, les journalistes décimés ou éparpillés à travers le monde. La politique du gouvernement dunion fut de relever la presse dès que possible et  de favoriser lémergence dune presse libre aussi bien de lEtat que de toute inféodation aux groupes dargent. Une presse responsable  au professionnalisme solide.                                      

    Certes, des chancelleries donnent de largent, mais aussi une ligne ( éditoriale) à suivre, comme tous les bailleurs de fonds. Cela est dangereux. Comme disait encore le président Kagame dans le discours évoqué plus haut, «  sometimes the focus is about making it ( civil society) independent of State of Rwanda, but it becomes dependent on other States ».

    La loi actuelle sur la presse est  dune synergie, en cours depuis 1991, entre journalistes, Etat et bailleurs de fonds, avec notamment le soutien des experts de lUSAID. La loi définit généreusement le champ de la liberté, son étendue et ses limites. Notamment la liberté de fonder des radios et des télévisions  privées ; quatre dossiers sont bouclés et attendent leur agrément au ministère chargé de linformation. Que veulent les experts de lICG ? Une liberté sans loi ? une « liberté sans frontières » ?  quelque chose comme une « immunité médiatique » ?

    Dans ce domaine aussi lhostilité au FPR confine au ridicule et à lincohérence. Le cas de lAgence ARI est exemplaire. Un journaliste fonde une agence. Il sollicite le patronnage de personnalités proches ou membres du FPR ( un label non infamant, que lon sache, qui rappelle même des états de service aux Rwandais) . Lagence a une ligne éditoriale qui nagrée pas à deux journalistes. Et voilà que, scandale pour les experts, les deux journalistes quittent lAgence. Cela  donne  « le pays de la presse muselée ». A chacun de juger.

    « Au Rwanda comme ailleurs, dit  lexpert de lICG, les médias doivent disposer dune organisation corporatiste indépendante, composée exclusivement des membres de la profession et chargée dassurer le professionnalisme et le respect dun code éthique par ses membres ». Il faut dabord saluer le retour du « code éthique » dont lexpert faisait ailleurs des gorges chaudes. Il faut également signaler aux experts de lICG quil existe au Rwanda au moins trois organisations indépendantes : lARJ, lAJSPORTS et lARFEM qui se rencontrent dans une « Maison de la Presse »  et suivent un « Code dEthique et de Déontologie des Journalistes ». Gageons que lICG ne les estimera pas indépendantes tant  quelles compteront des membres ayant ou soupçonnés davoir une « sensibilité »  proche du FPR. Cet ostracisme semble faire partie de sa conception de la liberté. 

    Des brimades seraient infligées à la presse ;  comme la promotion de Madame SN, elles seraient dues, selon le rapport dICG, à la même peur et à la même dérive sécuritaire. Que lEtat savise de sévir contre quelquun ou  de le  promouvoir au sein de la société civile, ce sera toujours pour fragiliser, contrôler, mettre au pas. Malveillance !   La mise en prison de lancien président Pasteur Bizimungu obéirait à la même logique. Il sagirait dautant de méthodes pour neutraliser un adversaire politique. Les experts de lICG font preuve à légard  des « opposants » rwandais en général, dune bienveillante ingénuité qui les rend prompts à accepter, sans vérifier, le récit que chaque mécontent leur fait de ses malheurs.

   

Le cas Bizimungu.

 

    Arusha a limité de commun accord le partage du pouvoir entre un nombre déterminé de partis politiques ; de commun accord  leurs activités dans la population ont été gelées pendant la période de transition. Quelle raison dêtre aurait  un parti  sans activité politique et sans contact avec des militants ? Dautre part, fallait-il accorder à Pasteur Bizimungu ex-président - un passe-droit quil refusait président -- à dautres et à juste titre ? Encore moins, le Rwanda étant ce quil est et ayant été ce quil a été, fallait-il laisser créer un parti tel que lon sait ?

    Les experts dICG estiment que « le régime sest montré incapable de faire face à la contradiction politique et a préféré se cacher derrière un recours à la justice » . Ce que les experts se refusent à admettre cest que la  justice aussi, loin dêtre un  refuge, est un moyen de réguler la vie en société, cest que, dans  une société, à moins de vouloir se saborder,  il y a des choses qui ne supportent pas la contradiction.

    Dans une interview à Jeune Afrique lIntelligent ( n°2179 du 14-20 Oct.2002) , le président Kagame, interrogé sur le cas Bizimungu,  disait ceci : «  remettre en cause lunité nationale et prêcher laffrontement entre communautés est un crime. Cest ce type de comportement sectaire qui a mené tout droit au génocide de 1994 ». Les experts de lICG semblent sen aviser si lon comprend bien cette phrase, passablement sibylline, il est vrai : «  il semble quen privé plusieurs témoignent que le discours de lex-président insiste sur une mobilisation électorale ethnique ».

Laffaire est devant les tribunaux ; non pas tant parce que PB a fondé un parti (ce quil ne pouvait dailleurs pas faire), mais pour atteinte à la sécurité de lEtat. On nous permettra de ne pas suivre plus loin les experts de lICG, sur un terrain réservé aux juges et à la justice qui suit son cours.  

 

La responsabilité politique.

 

    En réalité, le contrôle de la société rwandaise ne dépasse en rien le seuil normal et il est bien loin datteindre le seuil de contrôle pratiqué par bon nombre de sociétés occidentales. En plus, ce contrôle, loin dêtre le fait dune paranoïa sécuritaire, est fondé sur une analyse objective de la situation quexige un véritable sens de la responsabilité politique.

    En Août 2002, trois jours durant, le gouvernement rwandais a organisé avec la société civile, sous la houlette du  « Centre for Defence Studies » du Kings College de Londres,  une évaluation complète des menaces qui pèsent sur le Rwanda («  Making sense of global security.  Comprehensive Threat Assessment for Rwanda). Après  un panorama de la société rwandaise (les contraintes intérieures de la politique du gouvernement et les limites du possible), lévaluation a porté sur la problématique de la société civile, les menaces sur la sécurité, les menaces extérieures, les menaces sur la santé et léconomie, les menaces sur les infrastructures et enfin les réponses du gouvernement.  On est loin de la paranoïa sécuritaire. Il sagit bien de responsabilitré politique.      

    On peut, en effet,  reprocher beaucoup de choses au Rwanda nouveau mais non de ne pas prendre en mains son destin, ni de laisser au hasard lexamen de ses choix fondamentaux.  Que ce soit dans la reconstruction de lunité nationale en réunissant les Rwandais de lintérieur et ceux qui étaient dispersés en exil ou dans les camps . Que ce soit dans le domaine de la justice en se dotant dune loi distinguant des niveaux de culpabilité dans le génocide, en organisant une justice de proximité issue de son patrimoine culturel pour juger un génocide de proximité. Que ce soit en assurant au peuple rwandais une existence paisible à lintérieur de ses frontières. Que ce soit en aménageant aujourdhui une constitution qui est luvre de chaque citoyen. Que ce soit en aménageant  au jour le jour un véritable pouvoir du peuple, qui est la démocratie. ICG,dans son dernier rapport, naccorde aucun intérêt à tout cela. Indifférence ? Ignorance ? Ou malveillance ?

    Ce que le rapport dICG  appelle « dérive autoritaire », qui nest que lautorité publique maîtrisée et vigilante,

serait due à je ne sais quel fumeux « matérialisme historique prométhéen » ! Le projet politique rwandais est « prométhéen », si lon veut, mais au sens où le leadership rwandais veut mettre entre les mains des citoyens les instruments de leur destin : politique de décentralisation,  de privatisation, de maîtrise des savoirs et des savoir-faire,etc.. Autant de choses que de pseudo-dieux de la politique gardaient jalousement pour faire au peuple le chantage de la protection paternaliste. Comme Zeus refusait aux hommes le feu que Prométhée lui déroba pour le remettre aux hommes pour leur industrie.

 

Qui a bon voisin a bon matin !

 

     Les experts de lICG croient à tort que la coexistence avec les pays voisins du Rwanda est commandée par le même souci excessif de la sécurité. Pour le cas des rapports avec  lOuganda, il sagit dune ignorance, favorisée sans doute par lindifférence. Rien nest dit, en effet, des efforts entrepris pour améliorer les rapports entre  Kigali et Kampala. Les experts dICG ignorent ou oublient les visites échangées  entre les deux capitales et la décision commune de rendre ces visites périodiques et dinstaurer entre les responsables des deux côtés de la frontière une concertation régulière. Quant aux « hommes politiques fuyant Kigali ( qui ne sont pas légion et qui croisent ceux qui fuient Kampala), il faut croire quils ne trouveront plus de façon durable « soutien et réconfort chez lancien  grand frère » puisquil est convenu entre les deux capitales que déserteurs et hommes politiques en cavale seront invités à chercher refuge ailleurs.

     Par contre, les experts de lICG ont bien perçu le double objectif de léquipée rwandaise en RDC : garder la guerre à lextérieur du Rwanda et contribuer à créer à Kinshasa un régime favorable.Les experts justifient ainsi ce que dautres ont reproché à tort au Rwanda : une profondeur de pénétration dans le territoire congolais sans commune mesure avec la défense des frontières. En effet, le danger pour le Rwanda nest pas seulement à la frontière commune avec la RDC ; il est à Kinshasa où il faut sassurer, à la source, de lextinction de la menace. Il ny a là, dans le chef du Rwanda, ni dérive sécuritaire ni paranoïa, mais perception correcte dune menace réelle quil faut maîtriser.

 

Lexpert et les ragots.

 

     Le rapporteur  dICG ne pratique pas seulement lhostilité systématique aux  réalisations du Rwanda nouveau ; il pratique aussi volontiers lamalgame en ramenant à lintolérance politique du FPR tous les malheurs des Rwandais : les  journalistes suspectés de génocide seraient  en prison pour délit de presse, les exilés économiques fuiraient la persécution, les escrocs fuient la justice seraient des démocrates en quête de liberté, etc.. Mais surtout, curieusement, le rapport dICG compile tous les ragots qui traînent dans les bouis-bouis de Kigali sur la mésentente entre les Tutsis issus des différentes diasporas, sur la mort prochaine du président Kagame annoncée par les prophètes, sur les catastrophes qui vont sabattre sur le Rwanda à la suite des libérations générées par les procès Gacaca, à la suite du retour de larmée nationale de RDC, à la suite des démobilisations massives, etc.. Tout cela sur un ton qui ressemble étrangement  à un appel au soulèvement et  à la sédition

     Et pourtant le rapporteur sest avisé du fait que « le Rwanda est un pays aux apparences trompeuses ».

En fait , tout pays, pour un passant occasionnel, qui nen connaît ni la langue ni les murs, est le pays des apparences trompeuses. Le rapporteur dICG nen tire aucune leçon de précaution. Pour navoir de la société rwandaise quune connaissance superficielle, lexpert ignore, par exemple, les liens transversaux qui transcendent les différentes diasporas dont les membres des mêmes familles sont partis en exil dans des pays différents.                                                                                  

    Lexpert, pressé et bourré didées préconçues, ne pouvait saisir  les nuances dune société complexe et étrangère à son univers ; il na pu saisir que lanecdote piquante, le sobriquet amusant, les « apparences trompeuses ». Pourtant, en cherchant bien il aurait trouvé des Tutsis heureux, confiants dansd lavenir, entreprenants. Il y en a certes qui sont mécontents et qui ne se gênent pas pour le dire. Mais les solidarités essentielles sont sauves et, nen déplaise à lexpert, les Tutsis de Kigali ne vivent pas dans  « une atmosphère de complot permanent » ni  dans le  « sentiment irrationnel de violence inéluctable ». Ce genre dexagérations grossières ruinent le crédit de ceux qui les profèrent et de ceux qui les rapportent.

    Le caractère épisodique des visites et lignorance de la langue font de lexpert une proie facile pour la fausse anecdote, la rumeur et même la prophétie. Que naurat-il pas écrit sur la division des Rwandais , sans doute   Hutus et Tutsis, sil était passé à Kigali en 1999, lorsque le quartier de Nyamirambo annonçait la fin du monde un lundi et celui de Kicukiro un samedi ?  Selon lexpert, en dressant le bilan de son action le président Kagame aurait prolongé le « discours de fin de règne des anciens rois ». Cela  fait partie du genre « fausse expertise » qui aura du succès dans les chaumières. Mais  on aura beau chercher, on ne trouvera rien de tel dans la tradition rwandaise. Certains pourront croire avoir affaire à un expert qui a pénétré les secrets de la tradition rwandaise, alors quil sagit de quelquun qui sest fait berner par un petit malin

   Le fait divers survenu à « la maison de Jack Nziza, chef du renseignement militaire », est du même acabit.Il a pu certes nourrir la rumeur ; ce qui est sûr cest quil ny eut ni destruction de maison ni étouffement de laffaire . On peut encore moins, sauf goût excessif pour le phantasme, y voir un signe de « la fragilité de la situation interne » ou « une tentative de destabilisation interne » par « lopposition en exil ». Le même jour à la même heure il y a eu sans doute mille faits divers plus tragiques en Amérique ou en Europe, sans quil soit nécessaire de croire que cétait la fin du monde. Si quelque « opposant rwandais en exil » sen est vanté devant lexpert, ce doit être un lointain cousin du Marseillais qui voulait épater le touriste américain en prétendant que cétait son grand-père qui avait tué la mer Morte.

     Lexpert de lICG se serait laissé conter que « les rescapés (du génocide) estiment être les perdants de la victoire du FPR » ! La crédulité excessive et  lhostilité au FPR nexcusent pas tout. Comment une organisation comme lICG, réputée sérieuse, peut-elle laisser écrire et publier une ineptie pareille !! A qui fera-t-on croire que les rescapés du génocide rwandais connaîtraient aujourdhui un sort meilleur si Habyarimana, son armée et ses milices avaient remporté la victoire en 1994 ?

 

Lopposition en exil.

 

   Il y a dans le rapport de lICG quelques traits pertinents dans lanalyse de lopposition rwandaise en exil : linconsistance doctrinale, la haine à la place dun projet politique, les FDLR qui ne sont quun avatar des ex-FAR en passant par ALIR, les origines « hutu-power » du RDR etc..(Les experts semblent ignorer que le RDR est né dune liaison contre nature entre le Hutu power et la démocratie chrétienne ). Il serait téméraire,par contre,  de croire que les FDLR apporteront à leurs partenaires de lAlliance Igihango « une capacité de pression militaire et une caution politique au sein de la population hutu ».

    Cest ignorer superbement lévolution de la « population hutu » qui, instruite par le malheur, dénonce spontanément  toute infiltration dALIR . Dailleurs la « population hutu »  nattache plus à lethnie autant dimportance que ses « parrains » et amis dEurope ; elle nécoute plus aussi facilement que naguère ceux qui escomptent linstrumentaliser pour les basses besognes. Cest encore une fois, chez lexpert européen, la fascination de lethnie, qui lempêche de voir le Rwandais autrement que sous le visage du Hutu ou du Tutsi.

    On ne sait sil sagit dun conseil ou dune mauvaise analyse quand lexpert accorde à lAlliance Igihango une puissance de harcèlement qui pourrait pousser le FPR à « une implosion interne en raison des dissensions politiques en son sein ».                                                                                                                                        

    Quant au financement de ces braves gens par les Etats-Unis dAmérique, attendons voir ; ce ne serait dailleurs pas la première erreur de la grande Amérique, ni sans doute la dernière. Pour ce qui est de la croisade annoncée de la Belgique, de la France et des Etats-Unis pour  financer le gavage accéléré dune opposition encore squelettique  et accompagner diplomatiquement limplosion interne du FPR, espérons quelle appartient au genre de la prophétie- souhait  dont nous avons vu le rapporteur friand.    .

      Lanalyse de lopposition rwandaise en exil repose sur un présupposé inacceptable : le bien- fondé du départ en exil. Les experts de lICG saccordent à tort que lactuel régime rwandais, par nature, produit des réfugiés et attribuent cela à lintransigeance du FPR. Or les faits contredisent cette assertion. Le FPR est la seule formation politique rwandaise à avoir inscrit dans son programme lextinction définitive de tout motif de sexiler du Rwanda ( Intego ya karindwi ( du programme du FPR) : guca burundu impamvu zitera ubuhunzi no gucyura impunzi), renouant dailleurs ainsi avec une  vieille tradition.davant la colonie : « on ne fuit pas le Rwanda, on y cherche refuge » ( Ntawe uhunga u Rwanda, aruhungiramo). Dès la fin du génocide en 1994, le Rwanda nouveau sest soucié de rassembler tous les Rwandais au Rwanda, fermant les camps malgré ceux qui en tiraient de

substantiels profits, organisant le retour des Rwandais réfugiés dans les pays voisins, allant parfois les chercher dans les camps et les pays de refuge, favorisant le retour de ceux qui vivaient, parfois depuis trente ans, dans les pays lointains, organisant la diaspora avec ceux qui préfèrent rester à létranger sans perdre les privilèges de citoyens rwandais, réintégrant dans larmée  les membres des ex-Far qui avaient combattu le Rwanda à linstigation de leurs maîtres.                                                                                                                                       

    Il nexiste nulle part au monde aucun autre exemple dune générosité pareille ; certains vont même jusquà penser quelle frise limprudence et hypothèque lourdement lavenir ; dautres en ont attrapé, à, tort,  le « syndrome de la brebis égarée » quon va chercher en abandonnant le troupeau. Mais le nouveau Rwanda a choisi, à bon escient, de parier sur le citoyen rwandais.

   Certains prophètes de malheur, en 1994 déjà, juraient que le Rwanda nouveau naccepterait jamais le retour des réfugiés, dautres annonçaient   avec une assurance dexpert que larmée rwandaise massacrerait sur la frontière ceux qui tenteraient de revenir. Les réfugiés sont rentrés, ils ont été accueillis aux frontières par les autorités rwandaises, ils ont été réinstallés dans leurs biens et dans leurs droits ;  ils sont associés à la reconstruction de leur pays ; ceux qui hésitent encore à rentrer y sont quotidiennement invités.

    La volonté politique, les faits, les prévisions erronées des experts, tout montre que le Rwanda nest nullement le pays qui fabrique des exilés et des réfugiés. Ceux qui trouvent encore dans le statut de réfugié une survie paresseuse, un prétexte à revendiquer le pouvoir ou même un ersatz de paradis, le Rwanda est disposé à les accueillir à tout moment.

 

Recommandations.

 

 

    Les recommandations sont les figures obligées dun rapport dexpert. Il est plaisant de constater que celles que lICG fait au gouvernement rwandais font déjà partie de la réalité quotidienne. (Jentends  « recommandations » au sens large, parfois  exprimées sous forme de critiques ou de regrets). Ce qui démontre encore une fois chez les experts  dICG au mieux lignorance de la situation rwandaise.

    Une société civile luxuriante opère dans tous les secteurs et dans toutes les régions ; loin de la harceler, le Rwanda  propose dorganiser avec elle un partenariat constructif. La presse indépendante a pignon sur rue et fait dambitieux  projets davenir. Conformément aux Accords dArusha ( dAoût 93), la fondation des nouveaux partis et  les activités politiques sur lensemble du territoire sont au calendrier de la sortie de transition. Le débat public est devenu une pièce maîtresse de la gouvernance rwandaise et le pays bruit dactivité dans lattente des élections. Lombudsman est déjà là et vient épauler une CNDH (dont les experts ne soufflent mot); il ne répondra  peut-être pas aux critères des experts dICG ; mais, comme on dit, « on ne peut contenter tout le monde. et son expert ».

     Les recommandations faites à la communauté internationale sont d une hostilité systématique : le chantage à laide est devenu le moyen de pression sur les pays pauvres, dont il faut, en outre, mettre les leaders sous tutelle en les flanquant dobservateurs  dont lunique qualité, mais décisive, est de venir dOccident.  

    Les recommandations « aux opposants en exil »  sont marquées au coin du bon sens et ressemblent  étrangement à ce que le Rwanda ne cesse de répéter depuis belle lurette : reconnaître et dénoncer le génocide, déposer les armes ( pour ceux qui en ont), clarifier les objectifs politiques ( pour ceux qui en ont), participer aux  conférences politiques à Kigali ( et non sur la Lune). Il faut espérer que les « opposants en exil » entendront la voix des experts de lICG, qui, apparemment, ne leur sont pas inconnus et leur donnent même un coup de pouce pour hâter leur reconnaissance.

 

Conclusion.

   

    Le dernier rapport de lICG sur le Rwanda est composé, comme nous lavons dit en commençant, de faits qui

Témoignent des réalisations incontestables du gouvernement rwandais que gâtent une hostilité systématique et un tissu de racontars et douï-dire.

     Par ailleurs, à bon ou à mauvais escient, le rapport est une contribution objective à la discorde entre les Rwandais. Une entreprise qui date de la fin du génocide quand les forces civiles et cléricales, qui ont prospéré sous les deux premières républiques,  se sont avisées de la farouche indocilité du FPR, parti leader du nouveau Rwanda.

     Le rapport de lICG, enfin, appartient aux écrits qui inaugurent le déclin des rapports dexperts étrangers sur les sociétés africaines. Lorsque ce genre aura fini de ruiner son crédit, il ne suffira plus dappliquer à une société  dont on ignore la langue, la culture et lhistoire, les  schémas de pensée préétablis dont la seule garantie de pertinence est de venir dOccident. On passera sans doute dabord par une phase de modestie et dhumilité où ces analyses seront des analyses parmi dautres, en attendant  que les meilleurs experts  - ceux qui ont le culte du fait sans la prétention de lopinion impérative   émergent du lot et  puissent  prétendre survivre au colonialisme intellectuel.

    

   Servilien M.Sebasoni

    Kigali le 25 Novembre 2002.

 

Lexique

AJSPORTS: Association ( rwandaise) des journalistes des sports

AliR : Armée de libération du Rwanda, rebelles hutu rwandais comprenant des ex-Far et Interahamwe.

ARFEM: Association rwandaise des femmes (journalistes)

ARI: Agence rwandaise dinformation

ARJ: Association rwandaise de journalistes

CNDH:Commission nationale des droits de lhomme

FAR : Forces armées rwandaises, ex armée nationale rwandaise.

FDLR : Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, mouvement dopposition politico-militaire en exil ;

              Membre de lAlliance Igihango.

FPR : Front patriotique rwandais, membre du Gouvernement rwandais

ICG : International Crisis Group, organisation multinationale pour prévenir et résoudre les conflits Bruxelles). GIHANGO ou ADRN : Alliance démocratique pour la réconciliation nationale : fédération de mouvements dopposition en exil.

IPIS: International Peace Information Service ( Belgium)                                                                                                

MDR : Mouvement démocratique républicain, membre du Gouvernement rwandais.

MRND: Mouvement révolutionnaire national pour le développement ; parti de Habyarimana

NOVIB: Nederlandse Organisatie Voor Internationale Bewustwording (Nederland)

RDC : Républuque démocratique du Congo

RDR : Rassemblement démocratique pour le retour des réfugiés, mouvement dopposition en exil

REC : Réseau Européen Congo , association dONG européennes ( Bruxelles)

TPIR : Tribunal pénal international pour le Rwanda (Arusha)

USAID: oraganisation américaine de coopération au développement

  



1  Pour les abréviations, voir lexique à  la fin du document.