Rwanda Rugali
Interview au quotidien "Le Soir"

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Paul Kagame : rassembler tout le pays (le Congo)

Etes-vous satisfait de l'application de l'accord de Pretoria?
Nous avons retiré nos troupes du territoire congolais. Mais pour ce qui est du désarmement des Inter(a)hahamwe, nous constatons qu'ils sont toujours là, à nous causer des problèmes, dans le Masisi, le Sud Kivu. Plus de mille hommes, avec leurs armes, ont pu quitter Kamina pour le Sud Kivu. Ceux que je mets en cause, sont ceux qui continuent à leur apporter des armes, par largage aérien, qui poussent vers l'Est ceux qui n'y étaient pas.
Que pensez-vous du dialogue intercongolais?
Je soutiens le processus, car il devrait aider à réunifier le pays. C'est précisément cela le problème: le morcellement du Congo, l'absence d'une autorité qui contrôle réellement le territoire. Je souhaite que tout le pays soit rassemblé. Certes, j'ai parfois déclaré que le Congo était déjà démantelé, mais cela découlait de l'observation des faits. Ce n'est cependant pas cela que je souhaite. Notre contribution à la réunification, c'est de retirer nos troupes, pour que leur présence ne puisse plus être présentée comme une excuse pour les problèmes du Congo.
Les opposants rwandais à Kinshasa et ailleurs réclament un dialogue inter-rwandais. Que leur répondez-vous?
Mais une seule chose: qu'ils cessent de vivre en exil, qu'ils viennent reprendre leur place au Rwanda, comme des centaines de milliers d'autres, qui n'ont pas été inquiétés. Ceux qui ont été rapatriés de Kamina n'ont eu aucun problème
Quand et comment les élections auront-elles lieu?
Elles sont prévues l'année prochaine. Des élections locales sont déjà en cours et nous prévoyons des élections législatives et présidentielles. Les partis politiques existent et un processus constitutionnel est en cours qui déterminera toutes les règles à appliquer durant les élections. La Commission constitutionnelle discute si les élections présidentielles seront directes ou non. Personnellement, je souhaiterais que le suffrage présidentiel soit direct. Si je serai candidat? Mais j'en ai le droit, non?
Quelle est votre réponse aux conclusions des Nations unies sur le pillage des ressources du Congo? A Kinshasa des ministres ont été suspendus
Des ministres européens ont-ils été suspendus? Nous ne sommes pas satisfaits des allégations du rapport, car elles ne traitent pas de la réalité. Sait-on qu'au Rwanda aussi nous avons du coltan d'excellente qualité, que nous exportons. Nous avons un mécanisme qui nous permet de suivre tout ce qui se passe au Congo, et nous n'avons rien relevé d'illégal. Je ne vois pas la nécessité de mener de plus amples investigations.
Où en sont vos relations avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda?
Nous collaborons toujours avec lui, en dépit de ce qu'affirme Mme Carla del Ponte. Cela dit, nous avons été très déçus par ce Tribunal. Comment comprendre que quelqu'un comme Bagosora n'ait pas encore pu être jugé? Savez-vous que des cerveaux du génocide, comme Ruwiragaba (Ntiwiragabo), se trouvent toujours en liberté à Lubumbashi, libres de se réunir, de comploter, de préparer la guerre ? Renzaho, qui a été arrêté, était moins important que lui.
Pourquoi avez-vous accepté de retirer vos troupes du Congo, alors que des Interhahamwe, des auteurs du génocide s'y trouvaient encore?
Nous l'avons fait pour satisfaire l'opinion internationale, nous étions sous pression. Au moins, les Sud Africains font de leur mieux pour aider le Rwanda et le reste de la région, ils sont plus efficaces que les Nations unies.
Soutenez-vous l'idée d'une conférence internationale sur la région?
Nous ne souffrons pas d'une pénurie de sommets. Il vaudrait mieux réaliser ce qui a déjà été convenu lors d'autres rencontres. Il ne faut pas se précipiter ; une telle conférence devrait se tenir après les autres étapes, le désarmement, le dialogue intercongolais.
Vous avez bien connu le président Kabila. Avez-vous gardé le contact avec lui ?
Lors de rencontres internationales, nous nous parlons directement, sans problème. Mais il y a longtemps que nous n'avons plus eu de contact direct.
Que répondez-vous à ceux qui évoquent les millions de victimes de la guerre au Congo?
Il est vrai que les Congolais ont eu beaucoup de pertes. Mais cela n'est pas nouveau, déjà du temps de Mobutu et même avant ils mouraient. Et ils meurent aussi dans des régions où le Rwanda ne se trouve pas. Voyez Bunia, l'Ituri, où il y a beaucoup de victimes, mais qui en parle? On préfère parler du Kivu, dénoncer le Rwanda Vous savez, il y a beaucoup de facteurs qui interfèrent au Congo. Notre intervention n'a pas été un échec: nous avons désormais une sécurité totale à l'intérieur du Rwanda ; c'était mon job de l'assurer.·
Propos recueillis par
 
Colette Braeckman.