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Ligue des droits de la personne
dans la région des Grands Lacs (LDGL)
 
Siège social : Kigali  Rwanda  B.P. 3042 Kigali   Tel. :(250) 
+ 57 33 07 Fax : + 57 67 62
E-mail : ldgl@rwanda1.com
 
            
 
Grands Lacs : Halte aux logiques de guerre
Au moment où l'invasion de l'Irak mobilise toute l'attention de la 
communauté internationale en égratignant son autorité morale, la sous-
région des grands lacs est menacée par une recrudescence inquiétante 
des violences. 
 
 
 
La LDGL est profondément préoccupée par la dominance et la résurgence 
de logiques de guerre, récemment mises en exergue par les 
déclarations très martiales des différents acteurs politico-
militaires des pays de  la sous-région. Cette préoccupation se fonde, 
d'une part, sur les accusations réciproques des gouvernements 
rwandais et ougandais laissant craindre une confrontation directe 
entre ces deux Etats, ou sur le territoire de la République 
démocratique du Congo. D'autre part, au Burundi, le processus de paix 
issu d'Arusha est presque complètement grippé à l'approche de 
l'échéance prévue pour l'alternance, le 1er mai 2003. Les divergences 
étalées publiquement par les signataires de l'Accord et les 
violations permanentes du cessez-le-feu génèrent de vives  tensions 
qui font resurgir le spectre d'une violence généralisée. Profitant de 
cette brèche ouverte, les belligérants semblent se repositionner dans 
la perspective d'une issue  militaire au conflit.
 
 
 
 LES FAITS
 
 
 
1.      Alors que les protagonistes congolais s'acheminaient vers un 
accord inclusif axé sur la mise en place des institutions de 
transition après plusieurs années de tergiversations et 
d'affrontements sanglants, la province d'Ituri[1][1] devient de plus 
en plus le point de confrontation des divers intérêts avec le risque 
de relancer le conflit à une échelle plus étendue. 
 
 
 
2.      Conformément aux accords de Lusaka tels que complétés et 
amendés, le Rwanda et l'Uganda s'étaient engagés à retirer leurs 
troupes du Congo en juillet-août 2002. Alors que le Rwanda a 
officiellement retiré toutes ses troupes, l'Uganda a conclu avec 
Kinshasa un accord particulier en septembre 2002 l'autorisant à 
garder sur place quelques 2000 militaires pour assurer la sécurité de 
la population, en collaboration avec la Monuc. Ainsi donc l'Uganda a 
continué à administrer le Grand Nord Est du Congo par le biais des 
mouvements rebelles congolais notamment le RCD-ML de Mbusa Nyamwisi, 
de la tribu nande, et l'Union des patriotes congolais (UPC) de Thomas 
Lumbala, de la tribu Hema. 
 
 
 
3.      Créée en avril 2002 sous le parrainage de l'Uganda, l'UPC a 
fini par faire volte-face en s'alliant publiquement au RCD-Goma 
soutenu par le Rwanda, le 6 janvier 2003. Ce retournement a  
contribué à la détérioration des relations rwando-ugandaises déjà 
mises à mal suite aux  affrontements de Kisangani en 2000. En 
réaction à cette volte-face de l'UPC, une rébellion pro-ugandaise, 
dénommée « Front pour l'Intégration et la paix en Ituri » (FIPI), a 
été créée le 14 février 2003. Depuis lors, l'Uganda, qui dans l'entre-
temps avait renforcé ses relations avec Kinshasa a formé une 
coalition composite formée entre autres des forces du RCD-ML, du FIPI 
et des miliciens Lendu en vue de  déroger l'UPC et son allié le RCD. 
 
 
 
4.      Le 14 mars 2003, le gouvernement rwandais a fait savoir dans 
une déclaration publique son intention d'envoyer ses troupes au Congo 
si l'Uganda ne retire pas ses militaires du Nord Kivu sans délai, 
tout en accusant le régime de Kampala de comploter avec Kabila et 
les ``forces génocidaires'' pour saboter le processus démocratique en 
cours au Rwanda. Le Parlement rwandais, au cours de sa séance du 19 
mars, vient de donner feu vert à l'armée rwandaise d'user de tous les 
moyens à sa disposition pour protéger « le territoire et le peuple 
rwandais ». Dans l'entre-temps, tout en niant les accusations portées 
contre lui, le gouvernement ougandais accuse à son tour  le régime de 
Kigali de soutenir une rébellion anti-ougandaise dénommée People's 
Redemption Army (PRA). 
 
 
 
5.      Des informations dignes de foi affirment que l'Uganda héberge 
des militaires rwandais dissidents dont Major Furuma et Capitaine 
Frank Tegera tandis que le Rwanda héberge de son côté des dissidents 
ougandais dont les colonels Edison Muzora et  Samson Mande ,le  Lt. 
Col. Anthony Kyakabale, etc. Par ailleurs, des informations à la 
disposition de la LDGL font état de préparatifs de guerre éminents de 
part et d'autre et d'une concentration importante des troupes des 
deux armées et de leurs alliés respectifs dans le Nord Est de la RDC. 
Des informations non encore confirmées vont jusqu'à faire état de 
mouvements de troupes de part et d'autre de la frontière rwando-
ugandaise et même des infiltrations ainsi que des tentatives de 
déstabilisation dans les capitales respectives.
 
 
 
6.      Au Burundi, la tension s'accroît considérablement face aux 
difficultés de respect des engagements pris tant pour l'Accord 
d'Arusha que pour le cessez-le-feu signé entre le gouvernement et le 
FDD, la principale branche de la rébellion armée. A  l'approche de 
l'échéance de la 1ère tranche de la transition, le 1er mai 2003, le 
consensus fragile d'Arusha vole en éclats face aux intérêts 
difficilement conciliables des uns et des autres. Face aux querelles 
des signataires de l'Accord de paix d'Arusha, les non-signataires et 
les opposants à ce processus se positionnent pour enrayer 
définitivement  le processus ou y ouvrir une brèche en vue de jouer 
des rôles plus visibles. La confrontation entre les rébellions armées 
et les forces gouvernementales se déroule sur une grande partie du 
territoire. Les discours très militants et les mobilisations des 
bases accroissent les tensions et méfiances en  rompant l'harmonie 
très fragile entre les différentes composantes ethniques du pays.  
 
 
 
7.      La fréquence et l'intensité  des affrontements augmentent 
chaque jour. Des informations concordantes font état de mouvements 
des rebelles du FDD dans la Kibira en provenance de l'Est du Congo et 
d'autres en province de Ruyigi en provenance de la Tanzanie et d'un 
possible positionnement tout près de la capitale faisant craindre une 
attaque imminente de celle-ci.
 
RECOMMANDATIONS
 
 
 
La LDGL lance un cri d'alarme pour que des affrontements avec des 
conséquences humanitaires considérables ne puissent se dérouler dans 
la région des Grands Lacs au moment où toute l'attention est braquée 
sur le conflit qui se déroule en Irak. 
 
 
 
La LDGL craint que les récents exemples de la Centrafrique et du 
recours à la force par la coalition américano-britannique au mépris 
du droit international fassent des émules dans la région en donnant 
des ressorts aux logiques de violence au dépens de la concertation.
 
 
 
Face à cette situation préoccupante, la LDGL  formule les 
recommandations suivantes :
 
 
 
Aux gouvernements rwandais et ougandais :
 
Ö De privilégier le dialogue en vue de régler le conflit qui les 
oppose par la voie de la négociation;
 
 
 
Ö Respecter les engagements pris dans le cadre de l'Accord de Lusaka, 
notamment en retirant toutes 
 
   les troupes du territoire de la RDC et en s'abstenant de soutenir 
des oppositions politiques ou armées 
 
   contre le régime en place dans l'un des pays ;
 
 
 
Ö De mettre en avant les intérêts de leurs peuples en initiant des 
politiques d'intégration économique, 
 
    et en  renforçant plutôt l'amitié et la solidarité entre les 
peuples des deux pays.
 
 
 
Au Gouvernement et aux acteurs politiques burundais :
 
Ö De respecter scrupuleusement les engagements pris dans le cadre de 
l'Accord d'Arusha 
 
   et de nouveau de privilégier la voie de la concertation et du 
dialogue ;
 
 
 
Ö De mettre en place tous les mécanismes prévus permettant le respect 
du cessez-le-feu signé  et de 
 
   poursuivre les démarches visant la signature d'un cessez-le-feu 
global et durable.
 
 
 
Aux mouvements armés : 
 
Ö De s'abstenir  d'attaques contre les civils non armés  et de 
respecter le droit international 
 
   humanitaire ;
 
 
 
Ö Eviter de prendre comme prétexte les querelles des politiciens pour 
relancer le conflit et annihiler ainsi les attentes de la population 
qui a placé tous ces espoirs dans les accords de cessez-le-feu.
 
 
 
A la société civile des trois pays :
 
Ö Se mobiliser contre les logiques de guerre, interpeller les 
différents acteurs au respect des 
 
   engagements pris ;
 
 
 
Ö Renforcer la participation citoyenne pour influer positivement sur 
les processus de paix et de 
 
   démocratisation dans les pays de la région.
 
 
 
A la communauté internationale
 
Ö Suivre attentivement l'évolution de la situation dans les trois 
pays et faire pression sur les 
 
   différents acteurs en vue du respect des engagements pris ;
 
 
 
Ö Continuer à appuyer l'avancée du processus, de paix et de 
démocratisation dans les trois 
 
   pays en contribuant à réunir les ressources nécessaires.
 
 
 
                                                                      
              Fait à Kigali, ce 22 mars 2003
 
                                                                      
              Pour la LDGL
 
                                                                      
              Dr Christophe Sebudandi,
 
                                                                      
              Présidant
 
 
 
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[1][1] Ituri avec Bunia comme chef lieu, est une province du Nord Est 
de la RDC riche en ressources naturelles, composée de 5 territoires 
(Aru, Djugu, Irumu, Mahagi et Mambasa) avec une population d'environ 
4,5 millions répartie en plusieurs groupes ethniques(Bira, Alur, Ndo 
Okedo, Mambissa, Nyali, Ndali, Hema et Lendu).

 

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