KINSHASA, 29 sept (AFP) - En faisant arrêter Tharcisse Renzaho,
génocidaire présumé recherché par le Tribunal pénal international pour
le Rwanda (TPIR), le président Kabila confirme sa volonté de normaliser les
relations de son pays avec Kigali et de se conformer aux exigences de
la justice internationale.
Cinq jours après avoir annoncé l'expulsion des responsables politiques
des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) - "une réponse
au président Bush et à la communauté internationale" - Kinshasa a livré
le colonel Renzaho, préfet de Kigali-ville d'avril à juillet 1994,
soupçonné d'avoir organisé ou participé aux massacres de 1994 qui ont coûté la vie à environ un million de Rwandais en à peine cent jours.
"Cette arrestation est bien la preuve que la RDC n'est plus la
protectrice des militaires fugitifs que dénonce l'organisme
International Crisis Group", a déclaré dimanche à l'AFP un juriste qui a requis l'anonymat.
Dans un récent rapport, l'organisation internationale privée
International Crisis Group considérait que la RDC était "un asile
notoire dans la guerre opposant les Forces armées congolaises (FAC) à l'Armée patriotique rwandaise (APR).
Le président Joseph Kabila qui avait reçu, en février, le greffier du
TPIR, le Sénégalais Adama Dieng, l'avait assuré de sa coopération avec
la juridiction installée à Arusha par les Nations unies pour rendre la justice pour les plus odieux des crimes commis au Rwanda.
Mais cet engagement n'avait pas été suivi d'effet et M. Dieng avait
exprimé son "regret" de ne pas bénéficier en RDC "de l'appui qui
s'impose de la part du ministère de la Sécurité pour faciliter le travail des deux enquêteurs qui opèrent sur le territoire congolais".
On ignorait encore dimanche, les conditions dans lesquels a été
effectuée l'arrestation de Tharcisse Renzaho - qui était parmi les
commandants des Forces armées congolaises (FAC) en 2000 à la bataille de Pweto (sud-est) - mais selon des sources autorisées recueillis par l'AFP, il s'agit d'une "décision personnelle du chef de l'Etat" congolais.
Elle coïncide avec le séjour dans la capitale de la RDC d'Adama Dieng,
lequel est "convaincu qu'il reste, dans la région de "gros poissons"
figurant tant sur la liste du TPIR que sur celle de l'ambassadeur itinérant des Etats-unis chargé des questions des crimes de guerre, Pierre-Richard Prosper.
Dans le même temps, le président Kabila qui a nommé Commissaire
général chargé du suivi du processus de paix, son négociateur Vital
Kamerhe, mène à marche forcée les travaux de la commission ougando-congolaise pour le retrait des troupes de Kampala et la pacification de l'Ituri
(nord-est) et a annoncé son intention de "désarmer rapidement" les groupes armés qui se réclame de son soutien.
"Toutes les initiatives que prend le chef de l'Etat vont dans le sens
de l'application des accords de paix de Pretoria (entre la RDC et le
Rwanda) et de Luanda (entre la RDC et l'Ouganda)", a souligné ce dernier à l'AFP, rappelant que le Rwanda poursuit le retrait de ses troupes de l'est de la RDC et que le retrait total de l'armée ougandaise est prévu fin décembre.
Dimanche matin, un petit bi-moteur Beechcraft a emmené vers Arusha,
escorté par un enquêteur du TPIR, Tharcisse Renzaho qui a rejoint au
quartier spécial du Tribunal onusien les 60 détenus en cours ou en attente de
procès pour crime de génocide.
Parmi eux on compte notamment 12 militaires de haut rang et 13
administrateurs civils dont le "collègue" de Tharcisse Renzaho,
François Karera, préfet de Kigali rural.
Un ancien officier rwandais, Tharcisse Renzaho, soupçonné d'avoir
participé au génocide en 1994, a été arrêté à Kinshasa et transféré
dimanche matin par
avion vers le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)
d'Arusha, a constaté l'AFP. Tharcisse Renzaho, a quitté la République
démocratique du
Congo (RDC) dans un petit bimoteur Beechcraaft peu avant 9 heures
locales (10 heures belges), escorté par un inspecteur du TPIR.
Préfet de Kigali-ville d'avril à juillet 1994, figure sur la liste
établie par le TPIR, soupçonné d'avoir organisé ou participé au
génocide de 1994 au cours duquel
entre 500.000 et un million de personnes, principalement des Tutsis
mais aussi des Hutus modérés ont été tuées.
Colonel des Forces armées rwandaises et et préfet de Kigali pendant le
génocide, il figure également parmi les propriétaires et directeurs de
la Radio des
Mille Collines (RTML) qui pendant les semaines de massacres a
continuellement incité ses auditeurs au génocide. A Arusha, Renzaho
sera placé en
détention provisoire dans le quartier spécial du Tribunal, a indiqué
une source judiciaire.
Aucune information sur la date et les circonstances de l'arrestation
de Tharcisse Renzaho n'était disponible dimanche matin à Kinshasa.
Elle coïncide
cependant avec le séjour dans la capitale de la RDC du greffier du
TPIR, le Sénégalais Adama Dieng qui a été reçu vendredi par le
président Joseph Kabila.
A l'issue de cette rencontre M. Dieng avait déclaré à l'AFP avoir
"évoqué avec le président les enquêtes en cours pour traquer,
identifier et arrêter les
suspects génocidaires", ajoutant "le président Kabila m'a réitéré sa
détermination à coopérer avec le TPIR, et il n'est pas impossible que
cette coopération
débouche dans quelques jours". Adama Dieng avait cependant exprimé son
"regret" de ne pas bénéficier en RDC de la "de l'appui qui s'impose de
la part du
ministère de la Sécurité pour faciliter le travail des deux enquêteurs
qui opérent sur le territoire congolais".
AFP
IRIN 19 Oct 2001The London-based NGO African Rights accused the Democratic Republic of the Congo (DRC) on Thursday of harbouring Colonel Tharcisse Renzaho, accused of involvement organising the 1994 Rwandan genocide. In an attempt to encourage the DRC government to work with the International Criminal Tribunal for Rwanda (ICTR), African Rights has released a 26-page charge sheet detailing Renzaho's alleged crimes. African Rights said that Renzaho's role as an officer commanding Congolese troops came to light during the fighting between government and rebel forces in Pweto, Katanga province, in December 2000. Renzaho is reported to be commuting between Kinshasa and Lubumbashi in the DRC. African Rights said Renzaho was the governor (prefet) of Kigali before and during the 1994 genocide in Rwanda, and was involved in the planning and execution of the slaughter of Tutsis and leading Hutu politicians to take place. "[Renzaho] had the authority and the resources to stop the killings, but he only did so only in a few very public instances. More often, he intervened to sponsor or authorize massacres, directly ordering militia to round up selected groups, then to take them to be killed, or sending others to organise killings in his name," it reported. "The evidence suggests that Col. Tharcisse Renzaho has the blood of tens of thousands of the people of Kigali on his hands. In continuing to harbour him and others like him, the Government of Congo risks undermining efforts to promote stability in the Great Lakes region," it added.