Il paraît que le 1er octobre ait été, au Pays des mille collines, proclamé, FÊTE NATIONALE DES HÉROS !!!
Pour ma part, je considère que le 1er octobre de chaque année devrait être proclamé JOUR DE DEUIL NATIONAL.
Le calvaire actuel du peuple rwandais a pour point de départ cette date-là.
Au demeurant, le législateur rwandais ne s'y est pas du tout trompé. La loi organique n° 8/96 sur l'organisation des poursuites des infractions constitutives du crime de génocide ou de crimes contre l'humanité adoptée par l'Assemblée Nationale de Transition le 9 août 1996, sanctionnée et promulguée par le Président de la République le 30 août 1996 et publiée au Journal Officiel de la République Rwandaise n° 17 du 1er septembre 1996 s'applique au génocide et aux crimes contre l'humanité commis au Rwanda À PARTIR DU 1er octobre 1990.
C'EST TOUT DIRE.
Le début du génocide et des crimes contre l'humanité n'est certainement pas un jour de fête.
C'est (ou ce devrait être) un JOUR DE DEUIL NATIONAL.
D'aucuns objecteront, à juste titre, que ce qui a poussé une couche de la population rwandaise exilée du pays depuis des décennies à prendre les armes pour retourner chez elle, C'EST UNE SITUATION D'INJUSTICE FLAGRANTE QUI N'AVAIT QUE TROP DURÉ (plus de 30 ans d'exil forcé).
Ils n'ont pas complètement tort.
Il va sans dire qu'il s'agissait d'UNE SITUATION SCANDALEUSE, INIQUE ET INACCEPTABLE. Nul Rwandais n'a le droit de dénier à un autre Rwandais le droit de retourner chez lui, sur la terre de ses ancêtres. C'est pourtant ce que les deux premières Républiques successives ont fait pendant plus de 30 ans.
Par ailleurs, les négociations, notamment entre les gouvernements rwandais et ougandais, pour régler pacifiquement la question des réfugiés PIÉTINAIENT. En réalité, le gouvernement rwandais traînait les pieds
et faisait preuve d'une mauvaise foi manifeste à tel point qu'une solution pacifique à court terme à la question des réfugiés semblait très hypothétique.
Certains réfugiés, appuyés par un des pays voisins du Rwanda ont alors décidé de prendre les armes en vue de régler cette question MILITAIREMENT.
C'est ce qui eut lieu.
DOMMAGE VRAIMENT.
Ce qui a ainsi eu lieu est sans doute très logique pour toute personne qui croit aux vertus de la lutte armée comme mode de règlement de certains problèmes de société.
Je ne fais pas partie de cette catégorie de personnes-là.
A mes yeux, les frappes aériennes contre l'IRAK en 1991 étaient tout aussi condamnables que l'invasion du Koweit par les troupes irakiennes en 1990. L'invasion des troupes rwandaises et ougandaises du Congo de Kabila était tout autant condamnables que l'occupation d'une partie du territoire éthiopien par les troupes érythréennes (et vice versa). La violence des troupes russes en Tchétchénie est tout autant condamnable que les exactions commises par les indépendantistes tchétchènes contre les intérêts russes, etc..., etc..., etc...
La lutte armée est la plus mauvaise solution pour régler les problèmes de ce monde.
Les Benjamin Franklin, Victor Hugo et les autres avaient certainement raison, quand ils disaient:
1) "UNE BONNE GUERRE, UNE MAUVAISE PAIX: CELA N'EXISTE PAS".
(Benjamin Franklin)
2) "QU'EST-CE QUE LA GUERRE? C'EST LE SUICIDE DES MASSES."
(Victor Hugo)
3) "LA GUERRE! C'EST UNE CHOSE TROP GRAVE POUR LA CONFIER À DES
MILITAIRES."
(Georges Clemenceau)
4) "Il semble que le héros est d'un seul métier, qui est celui de la
guerre, et que le grand homme est de tous les métiers... L'un et
l'autre mis ensemble ne pèsent pas un homme de bien." (La Bruyère)
5) "Le vrai démocrate est celui qui par des moyens purement non
violents, défend sa liberté, par conséquent celle de son pays et,
finalement, celle de l'humanité toute entière" (Gandhi).
Ceux dont le coeur est à la fête à l'occasion du 1er octobre de chaque année, ont leurs propres convictions que je ne partage pas.
I. Murayi