Deuxième "sommet national sur l'unité et la réconciliation" au Rwanda KIGALI, 25 oct (AFP) - Huit ans après un génocide ayant coûté la vie à un million de personnes, les autorités rwandaises vont tenter au cours d'un sommet national du 26 au 28 octobre, de relever le défi de "la réconciliation et de l'unité nationale".
Après une première rencontre du genre organisée en octobre 2000, ce nouveau "Sommet sur l'unité et la réconciliation des Rwandais" s'ouvre samedi à Kigali, avec près de 800 participants attendus.
Cette rencontre sera principalement consacrée aux tribunaux populaires "gacaca", qui doivent juger les coupables présumés impliqués dans le génocide de 1994, et à l'élaboration de la nouvelle constitution devant régir le Rwanda à partir de 2003.
Les autorités de Kigali ont souhaité donner à cette réunion une dimension symbolique et internationale forte, en invitant le président mozambicain Joaquim Chissano.
Des représentants de la société civile, des confessions religieuses, de s partis politiques agréés, et des Rwandais vivant à l'étranger, en Afrique du Sud, au Kenya, en Europe ou en Amérique, sont attendus, indique-t-on auprès de la Commission nationale pour l'unité et la réconciliation (CNUR), chargée de préparer le sommet.
"Si la technique le permet", le procédé de la télé-conférence pourra être utilisé pour des Rwandais de la diaspora qui n'ont pas pu faire le déplacement jusqu'à Kigali, précise-t-on de même source.
On ignore encore si des personnalités de l'opposition en exil feront le déplacement, mais quelques dignitaires du régime de l'ancien président hutu Juvénal Habyarimana ont annoncé leur participation, toujours selon la CNUR.
Le pouvoir actuel est dominé par l'ancienne rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) issu de la guerre entamée en 1990 contre le régime du président Habyarimana, dont plusieurs responsables ont organisé le génocide de 1994 qui a fait un million de morts parmi les Tutsis et les Hutus modé rés, selon une estimation des autorités de Kigali.
Juridiquement, le Rwanda est aujourd'hui régi par une "loi fondamentale" basée sur la Constitution de 1991 et les accords de paix conclus en 1993 à Arusha (Tanzanie) entre le gouvernement de l'époque et le FPR.
Depuis juillet 1994, date de l'entrée victorieuse du mouvement rebelle dans Kigali, l'essentiel du pouvoir est en fait concentré entre les mains du président Paul Kagame, un Tutsi.
Seules huit formations politiques, réunies au sein du "forum des partis" présidé par le FPR, sont actuellement autorisées par la loi.
La période de transition, en cours depuis 1994 et qui s'achèvera en juillet 2OO3, doit aboutir à l'adoption d'une nouvelle constitution par référendum, à la tenue d'une élection présidentielle, à la mise en place d'un gouvernement et d'une assemblée élue.
La rencontre qui s'ouvre samedi se penchera en particulier sur les progrès de ce processus.
Avant même d'avoir débuté, le s econd "Sommet de la réconciliation" est d'ores et déjà vivement critiqué par les milieux politiques rwandais en exil.
Ainsi, dans sa toute première déclaration, la nouvelle "Concertation permanente de l'opposition démocratique rwandaise", qui regroupe les principaux partis à l'étranger, qualifie le sommet de "mascarade".
Cette "concertation", qui a vu le jour le 15 octobre à Bruxelles, rassemble l'Union des Forces Démocratiques Rwandaises (UFDR) et l'Alliance Igihango.
Elle souligne son "désaveu total du processus unilatéral d'élaboration d'une constitution d'une loi électorale taillée sur mesure pour légitimer" le régime de Kigali, et défend le principe "incontournable d'un dialogue politique inter-rwandais hautement inclusif".
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