Le Burundi s'enlise dans la violence
Au moins 14 civils ont été tués jeudi et vendredi au Burundi, et probablement davantage, les victimes étant isolées par des combats qui s'intensifient entre rebelles et armée, alors que les négociations de cessez-le-feu piétinent plus que jamais. Jeudi, d'intenses échanges de tirs d'artillerie et bombardements dans le centre du pays ont atteint une colline où s'étaient réfugiés des civils fuyant les combats: au moins dix ont été tués par des obus ou des bombes dont on ne savait de quel camp ils provenaient, selon plusieurs rescapés. D'après d'autres témoins, ce sont "des dizaines de civils" qui ont été tués. Vendredi, le principal mouvement rebelle, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD), a pilonné des quartiers nord et est de la capitale Bujumbura, faisant au moins quatre morts parmi les civils. L'armée a répliqué en bombardant les positions rebelles qui surplombent la ville. Les FDD ont refusé de se rendre le 19 novembre à Dar es-Salaam à une reprise des pourparlers de cessez-le-feu avec le gouvernement, invoquant l'absence d'invitation en temps voulu. La médiation sud-africaine et tanzanienne la leur a finalement fait parvenir, mais les FDD ont fait savoir jeudi qu'ils n'iraient pas à Dar es-Salaam avant une semaine "au mieux" et seulement s'il s'agit de "négocier" et non plus simplement de "discuter". Pendant que les combats s'intensifiaient, le président burundais Pierre Buyoya rencontrait vendredi à Pretoria deux groupuscules rebelles qui avaient signé un accord de cessez-le-feu avec Bujumbura le 7 octobre à Dar es-Salaam. Mais ces deux petits mouvements, des dissidences des deux principaux mouvements rebelles, FDD et Forces Nationales de Libération (FNL), sont marginalisés et quasiment plus actifs sur le terrain. Les pourparlers de cessez-le-feu de Dar es-Salaam, entamés le 12 août entre le gouvernement de transition et divers mouvements rebelles, n'ont abouti à aucun progrès tangible. La guerre civile oppose depuis 1993 l'armée, dominée par la minorité tutsie, à des mouvements rebelles hutus, et a fait plus de 300.000 morts, essentiellement des civils. Vendredi en fin de journée, les combats se poursuivaient aussi bien dans la zone de Rutegama, à une cinquantaine de km à l'est de Bujumbura, où les dix civils ont été tués, que dans le nord et l'est de Bujumbura, où les tirs de mortier rebelles avaient pratiquement cessé mais pas les bombardements de leurs positions par l'armée. La plupart des écoles de la capitale ont fermé leurs portes en cours de matinée vendredi et des milliers de civils ont fui ces quartiers, ainsi que les collines d'où tiraient les rebelles, pilonnées par l'armée. A Rutegama, un général de l'armée a confirmé qu'il y avait eu jeudi "des morts et des blessés" mais les combats qui se poursuivaient vendredi empêchaient d'atteindre la zone pour y établir un bilan, selon les militaires. Les victimes ont été atteintes alors qu'elles avaient fui les zones de combat et s'étaient réfugiées sur une colline, selon des rescapés. Un petit avion militaire avait survolé la zone une heure auparavant. Ce type d'avion est parfois utilisé par l'armée pour larguer de petites bombes sur les positions rebelles. AFP (mi-novembre)
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