TRIBUNAUX GACACA: A PRESENT IL EN EXISTE UN PAR COMMUNE (STANDARD, PEACE/JUSTICE) |
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Le processus de mise en place des gacaca vient de franchir une nouvelle étape. Il existe à présent au moins un tribunal populaire dans chacune des 106 communes du Rwanda (166, NDLR). Entrés en vigueur le 20 juin dernier, les gacaca (signifie "herbe" car lors des assemblées traditionnelles des villages, les anciens se mettaient par terre) sont des assemblées publiques locales servant à alléger le travail des tribunaux classiques dans le jugement des milliers de suspect impliqués dans le génocide de 1994. Le projet gouvernemental prévoit au total la création de 11.000 gacaca, formés de 250.000 juges populaires et 115.000 défenseurs. Ces chiffres reflètent bien la réalité carcérale rwandaise: on estime en effet que les prisons centrales, gérées par le ministère de la justice, enferment entre 115 et 120.000 détenus et 20 à 30.000 prisonniers sont reclus dans des cachots. Le Rwanda est d'ailleurs le pays au taux de population carcérale le plus élevé du monde. "Le système des Gacaca" explique à l'agence MISNA le responsable d'une organisation internationale engagée dans le pays, qui requiert l'anonymat, "représente une tentative de résoudre une impasse judiciaire dont la normale procédure aurait fait perdre beaucoup trop de temps pour juger les personnes soupçonnées de génocide". "Mais il y a des limites" a poursuivi notre interlocuteur, "liées au fait que la vérité et la justice risquent d'être sacrifiées au nom d'une cohabitation nécessaire". Le nouveau système juridique donne la possibilité à ceux qui admettront leurs responsabilités (à condition qu'elles ne se réduisent qu'à un ou deux homicides au pire des cas) de retourner dans leurs villages et d'exercer une activité en faveur de la communauté. "Ce nouveau système ne résoudra certainement pas le problème de la justice au Rwanda" a conclu notre interlocuteur, "mais le gouvernement pourrait atteindre l'objectif de décongestionner la population des prisons. Il convient d'observer à ce propos que des progrès significatifs ont été effectués ces dernières années, avec le peu de ressources récupérées des dépenses militaires: presque tous les détenus ont été recensés et ont un dossier personnel". (CC) Misna 28 NOV 2002
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