Le président Kagame est une figure connue pour les sénateurs belges
Kigali demeure la clé de la paix en Afrique centrale
lesoir
COLETTE BRAECKMAN
Pour nombre de sénateurs belges, le Rwanda et, plus largement, l'Afrique centrale, le pillage de ses ressources, ont représenté une activité à temps plein durant de nombreux mois. C'est dire si le président Paul Kagame, reçu à déjeuner par Armand De Decker, président de la Haute Institution, se sentait à l'aise dans l'enceinte du Parlement belge. Le sénateur De Decker lui rappela que nombre de sénateurs, et le Premier ministre Verhofstadt, resteront marqués par ces deux années que la Commission Rwanda consacra à l'examen du génocide.
Mais la roue de l'histoire a tourné et c'est de la guerre au Congo qu'il fut surtout question. Le retrait des troupes rwandaises fut salué par les Belges, qui rappelèrent aussi que les sénateurs étudient désormais les modalités du pillage des richesses du Congo. Pour le président Kagame, qui rappela cependant les menaces qui pèsent encore sur son pays et n'a pas semblé préoccupé par les diverses enquêtes en cours, tout cela semble appartenir au passé.
La composition de sa délégation, où se trouvait le banquier Alfred Kalisa, un ancien de la City Bank américaine, l'a démontré : les Rwandais recherchent avant tout des partenaires économiques, des investisseurs. Ce qui, avant l'étape belge, les a menés en Inde où ils ont été frappés par le développement des technologies informatiques.
La politique cependant ne peut être évacuée si facilement ; le président rwandais a souligné que « des pays étrangers à la région » jouaient encore un rôle négatif, tandis que les Belges ont mis l'accent sur la nécessité de démocratiser le pays et aussi de collaborer pleinement avec le Tribunal pénal international. Kagame leur a répondu qu'un référendum serait organisé en mars 2003 sur le projet de Constitution et que des législatives et présidentielles sont prévues la même année. Dans l'après-midi, le président Kagame devait être reçu à la Commission européenne par le président Romano Prodi ainsi que par le Premier ministre belge Guy Verhofstadt.
Ici aussi, la politique, la nécessité de clarifier et de stabiliser les relations entre le Rwanda et la Belgique ont prévalu sur la stricte morale. Alors qu'à l'extérieur, des opposants rwandais et des Congolais brandissaient des banderoles hostiles au maître de Kigali et réclamaient « une justice équitable » le Premier ministre Verhofstadt, le ministre Louis Michel ainsi que le secrétaire d'Etat à la Coopération Eddy Boutmans se sont livrés à un exercice d'équilibre délicat : encourager le Rwanda à se désengager réellement du Congo, l'inviter à se démocratiser et en même temps promettre une assistance accrue dans la perspective de la fin de la transition politique.·
|