Je pense personnellement que le problème se situe au niveau de l'annonce des 
orientations en matière de justice.
En effet, je trouve normal que tout gouvernement qui se veut responsable 
reconnaisse que cela ne relève d'aucun intérêt national bien compris de 
maintenir des milliers de Rwandais en prison alors que chacun de nous sait 
pertinemment que le génocide n'a pas relevé d'une initiative de masse.  Il n'a 
pas résulté d'une bagarre de rue.  Il a été le résultat d'une politique d'exclusion, 
de diabolisation  et de victimisation des Tusti dont la responsabilité appartient à
un régime et non à un peuple ou une ethnie.  Il est clair que la politique à 
adopter pour corriger cet état des choses ne peut aucunément consister à punir
toute une population.  Il devrait plutôt être question d'accomplir le nécessaire 
pour mettre hors d'état de nuire les structures et la manière de penser et de 
faire qui ont initié et piloté le génocide, et ensuite réhabiliter tout le peuple 
rwandais cette fois sans discrimination.  
D'un autre côté, je comprends parfaitement la frustration, la déroute et même 
le déboussolement des rescapés qui assistent à une série de mesures tombant 
comme du ciel, alors qu'aucune annonce claire n'a été faite, voici 8 ans, par le 
régime de Kagame quant aux orientations en matière de justice.  Le désarroi 
des rescapés peut être comparé à celui de tous ceux qui ont cru que 
l'occupation du Congo par l'APR allait durer éternellement, parce que Kagame
avait annoncé à plusieurs reprises qu'il ne se retirerait du Congo que quand il 
aura attrappé le dernier interahamwe, et qui tout d'un coup ont appris que 
l'APR se retirerait...dans un mois, ...puis dans une semaine...Alors que certains 
avaient même commencé à soutenir les théories de l'annexion-recouvrement du
Kivu par le Rwanda.
Bref, les choses fonctionnent comme si les Rwandais supportaient le poids 
d'un régime marionnette, téléguidé de très loin, qui impose l'exécution d'une 
volonté émanant de l'Occident, sans daigner avoir le courage de reconnaître et 
d'annoncer clairement les orientations politiques par rapports aux différents 
problèmes fondamentaux de notre société.  Alors qu'on crie partout que le 
Rwanda est devenu "indépendant", alors qu'on demande la démission de 
madame Carla Del Ponte,... 
 
Dr Joseph Ndahimana, Président du comité des Présidents de l'Alliance 
Igihango et Président du parti monarchiste Nation Imbaga y'Inyabutatu.
(4 janvier 2003, sur Rwanda-l).