Les autorités du Rwanda ont commencé à remettre en liberté les premiers détenus
suspectés d'avoir participé au génocide de 1994, qui provoqua la mort de 500 à 800.000
personnes. La mesure est la première adoptée par Kigali afin d'apporter une solution au
dramatique problème du taux d'occupation trop élevé des prisons rwandaises. En effet
plus de 120.000 personnes y sont encore enfermées, dont la plupart, environ 90%, sont
accusées d'avoir pris part à la folie homicide qui engendra il y a 8 ans des centaines de
morts entre les Tutsi et les Hutu en seulement trois mois. A présent, l'exécutif guidé par
le président Paul Kagame a l'intention d'en libérer un tiers. Selon les déclarations du
ministre de la Justice, Jean de Dieu Mucyo, aujourd'hui même environ 2.000 détenus
seraient déjà sortis de prison.
Cependant, ont fait savoir les autorités rwandaises, la mesure ne concernera pas les
inspirateurs et les organisateurs du génocide. De nombreux détenus qui ont retrouvé leur
liberté sont sérieusement malades ou sont des personnes de plus de 70 ans. La décision
a provoqué de nombreuses réactions contrastées.
L'association des survivants au génocide "Ibuka" a déclaré que pour certaines
personnes qui ont échappé à la mort en 1994, le fait de voir "marcher librement dans la
rue" les assassins de leurs propres parents peut constituer un véritable traumatisme. Le
procureur général Gerald Gahima a observé qu'il n'était toutefois pas possible de
poursuivre en justice des milliers de suspects.
Depuis quelques mois au Rwanda, les "Gacaca" (qui signifie "herbe", du fait que dans
les assemblées traditionnelles de village, les anciens s'asseyaient à terre) ont mis en
oeuvre leur propre "justice" par le biais d'un système parallèle de cours publiques locales
devant lesquelles les communautés sont appelées à juger les accusés, afin d'alléger le
travail des tribunaux traditionnels. (VV, Misna)