KIGALI 07/01 (BELGA) = Le président rwandais Paul Kagame et le vice-
premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel ont
partagé mardi le même sentiment quant à l'évolution du processus de paix en
République Démocratique du Congo (RDC): pour être concrétisé, celui-ci doit
retrouver un leadership¯ car depuis la signature de l'accord de paix de
Pretoria, plus rien ne semble bouger, ont déclaré en substance les deux
hommes lors d'un point de presse au Palais présidentiel rwandais. Une
situation inquiétante après les espoirs suscités par Pretoria et qui est aggravée
encore par l'attitude des belligérants qui se rejettent mutuellement la
responsabilité de la poursuite des combats dans l'Ituri (nord-est).
Mardi, Adolphe Onusumba, le leader-président de la rébellion armée dans
l'est, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma), qui a été
reçu par M. Michel en même temps que son vice-président Azarias Ruberwa,
accusait le président congolais Joseph Kabila de ne pas respecter ses
engagements en soutenant le RCD-ML, une dissidence armée du premier qui
s'est ralliée à Kinshasa.
Il l'a accusé de créer des seigneurs de la guerre qu'il ne contrôle pas. Kabila
ne prend pas avantage du fait qu'il soit reconnu comme président, alors que
nous sommes prêts à aller à Kinshasa et que si nous réagissons aux attaques,
c'est uniquement par réflexe de survie, a affirmé M. Onusumba.
Le processus de paix n'est plus conduit, on ne sait plus aujourd'hui qui est le
pilote ¯, a déclaré M. Michel qui effectue actuellement une tournée de sept
pays africains en cinq jours dans le but de persuader les protagonistes des
guerres en cours au Congo et au Burundi, ou des problèmes conflictuels qui
subsistent au Rwanda, de maintenir la dynamique de la paix et de la
réconciliation.
Je ne vois pas qui mène le processus et ç'est là que réside le problème, il
faut trouver le moyen de le relancer et déterminer comment et dans quelle
mesure cela peut être fait , a déclaré de son côté le président Kagame, qui a
par ailleurs fait état d'une amélioration des relations de son pays avec le Congo
voisin.
En effet, le chef de l'Etat rwandais a fait état d'une meilleure compréhension
entre les deux capitales avec le président Kabila, en raison tout de même des
perspectives de paix pour la région qu'offre l'accord de Pretoria.
Rappelons que le Rwanda, qui a soutenu dans l'est du Congo le RCD-
Goma et occupé une vaste partie du territoire congolais, a continuellement
accusé le pouvoir à Kinshasa de ne pas intervenir pour contenir la menace des
ex-Interahamwé rwandais responsables du génocide rwandais de 1994 et
réfugiés dans la province frontalière congolaise du Kivu (est).
En attendant, le président Kagame poursuit ses réformes comme il s'y était
engagé. Il a déclaré que 2003 serait une année particulièrement riche en
développements puisqu'elle verra la fin de la période de transition,
l'organisation d'un referendum constitutionnel devant réduire les tensions inter-
ethniques ainsi que l'organisation d'élections législatives et présidentielles.
M. Michel a qualifié de très positives et efficaces les mesures prises jusqu'ici
par le président Kagame, d'autant plus qu'il s'est dit convaincu de ce que les
Rwandais ne participaient pas aux combats qui ont repris dans l'Ituri au
lendemain de la signature de l'accord de Pretoria. Il s'agit d'individus isolés qui
confondent économie et pillage. Cela ne concerne pas les Rwandais, a-t-il
affirmé. M. Michel a ajouté qu'il était d'ailleurs disposé à accroître la
coopération belge et l'aide au bénéfice du Rwanda. Cette aide s'élève
actuellement à 18 millions d'euros par an, en moyenne, atteignant ainsi
pratiquement le montant de l'enveloppe que la Belgique accordait au Rwanda
avant le génocide de 1994. Bruxelles est le second donateur bilatéral
du Rwanda.
Après sa visite à Kigali, M. Michel devait poursuivre son périple en
Ouganda, pour y rencontrer le président Yoweri Museveni, autre allié de la
rébellion dont les troupes sont encore présentes dans l'Ituri. Les entretiens
étaient prévus à Gulu (nord), à la ferme qu'y possède M. Museveni, et est
aussi une place forte de la lutte que mène l'armée ougandaise depuis près de
deux décennies contre la rébellion armée de l'Armée Révolutionnaire du
Seigneur (LRA: Lord's Revolutionary Army), conduite par Joseph Kony, un
chrétien-animiste, responsable de nombreux massacres et du rapt de milliers
d'enfants utilisés comme chair à canon./.RAY (FBX)