Le Rwanda a commémoré le génocide de 1994 avec un ministre belge
MWULIRE (Rwanda), 7 avr (AFP)
Le Rwanda a commémoré lundi le 9ème anniversaire du génocide de
1994, en présence du ministre belge des Affaires étrangères, Louis
Michel, qui a appelé la communauté internationale à "assumer" ses
responsabilités, a constaté un journaliste de l'AFP.
Au terme d'une semaine consacrée au deuil national, et qui a été
ponctuée de conférences sur le thème du génocide, plusieurs milliers
de personnes, dont de nombreux ministres et le président rwandais
Paul Kagame, se sont réunies à Mwulire, près de la ville de
Rwamagana, dans l'est du Rwanda.
D'avril à juillet 1994, un million de tutsis et hutus modérés ont été tués
au Rwanda par le régime hutu de l'époque, selon une estimation du
régime de Kigali.
"Il nous faut assumer jusqu'au bout de notre gêne, l'immense
responsabilité que nous portons au nom d'une communauté
internationale repliée avec arrogance sur ses certitudes", a déclaré M.
Michel.
Dans la matinée, le vice-Premier ministre belge avait participé à une
cérémonie à Kigali en présence des familles des dix Casques bleus
belges tués le 7 avril 1994 avec Agathe Uwilingiyimana, le Premier
ministre hutu modéré dont ils assuraient la protection.
La Belgique, comme les Etats-Unis et l'ONU, figure parmi les pays et
organisations internationales qui ont demandé au peuple rwandais de
leur pardonner de ne pas être intervenus pour empêcher le génocide.
Une démarche à laquelle la France, dont le rôle avant et pendant le
génocide reste très controversé, s'est toujours refusée.
"Never again" ("Plus jamais ça"), a pour sa part scandé en anglais le
président Kagame, insistant sur le fait que "dire que cela ne doit plus
se reproduire ne doit pas être qu'un slogan".
Le chef de l'Etat rwandais, arrivé au pouvoir lorsque le Front
patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion tutsie) qu'il dirigeait a renversé
en juillet 1994 le régime génocidaire hutu, s'en est ensuite pris à ceux
qui aujourd'hui encore "sèment le divisionnisme" ethnique.
"Certaines personnes (...) tiennent un double langage: la journée elles
disent de très bonnes choses sur le respect des droits de l'Homme,
l'unité, la justice (...), mais la nuit ces malfaiteurs (...) tiennent un
autre langage qui divise", a dénoncé M. Kagame qui s'exprimait en
kinyarwanda, la langue nationale.
Il semblait faire allusion à la cinquantaine de personnalités accusées
de "divisionnisme" dans un rapport d'enquête actuellement à l'étude de
l'Assemblée nationale de transition. Ces personnalités sont pour la
plupart membres du principal parti hutu.
Au cours de la cérémonie, à laquelle ont assisté de nombreux Rwandais
de la région, des restes humains, qui ne bénéficiaient pas encore
d'une sépulture décente, ont été inhumés en présence des principaux
dignitaires religieux du pays et du corps diplomatique.
Une minute de silence a été observée en hommage aux victimes du
génocide.