La Belgique met à jour un vaste trafic de minerais au profit des rebelles du RCD
BRUXELLES, 20 nov (AFP) -
La police belge a mis au jour un vaste trafic international de minerais précieux qui prouve, selon
elle, que les rebelles du Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD) ont "considérablement saigné" la
République démocratique du Congo (RDC) depuis quatre ans.
Les responsables de la police judiciaire de Bruxelles ont dévoilé mercredi les graves soupçons pesant sur
les activités en Belgique d'Aziza Kulsum, une "dame d'origine indo-pakistanaise âgée de 50 ans" actuellement en fuite.
Mme Kulsum "a reçu des rebelles le monopole mondial pour monnayer les ressources en minerais du Kivu", région de l'Est de la RDC contrôlée par le RCD avec le soutien du Rwanda voisin, a affirmé le directeur de la police judiciaire de Bruxelles, Glenn Audenaert.
"Nous nous sommes rendus compte qu'à côté de Mme Kulsum, qui est actuellement en fuite, il y avait un homme, Zulfakarim Panju, qui venait tous les quinze jours en Belgique et était dépositaire de grandes sommes d'argent", a poursuivi M. Audenaert.
Ce Canadien d'origine pakistanaise, âgé de 60 ans, a été arrêté lundi alors qu'il était en possession de 51 kilos d'or pur originaire de RDC. Il a été inculpé depuis pour blanchiment par le juge d'instruction bruxellois Michel Claise.
"Nous avons découvert que pendant quatre ans, ce monsieur avait sorti tous les quinze jours de RDC environ 50 kilos d'or. Celui-ci était fondu à Anvers (nord de la Belgique). Puis il était vendu sur les marchés internationaux de l'or", a précisé M. Audenaert.
Le fruit de ces ventes revenait sur des comptes ouverts auprès de banques belges, principalement la BBL, sur lesquels Mme Kulsum et M. Panju "avaient les pleins pouvoirs", selon le chef de la PJ bruxelloise.
D'après les enquêteurs, ces comptes appartiennent à des sociétés dont 25% des parts sont détenues par le RCD, basé à Goma (est de la RDC). L'argent a "servi pour équiper les rebelles en véhicules, en vêtements et en armes, ces dernières ayant été achetées uniquement en Afrique", a indiqué M. Audenaert.
"Cela veut dire que le mouvement rebelle qui occupe maintenant la région du Kivu se livre non seulement au pillage structuré des ressources du Congo, mais également au blanchiment de ces ressources, ici en Europe", a encore déclaré le responsable de la PJ.
"Or, il n'y a pas que l'or. Il y a aussi le coltan, un minerai qui a vu sa valeur multipliée par 20 en quelques années, puisqu'il est utilisé dans la fabrication de téléphones mobiles. Il s'agit d'une saignée considérable de la RDC au profit de l'armée
des rebelles", a-t-il ajouté.
Un homme d'affaires belges, Jacques Vanden Abeele, a lui aussi été arrêté et inculpé au début du mois pour avoir "facilité les activités" de M. Panju et Mme Kulsum, "dont il connaissait le caractère illicite", selon le responsable policier.
La République démocratique du Congo vient de se porter partie civile dans cette affaire.
Un rapport publié en octobre par un groupe d'experts de l'ONU et transmis au Conseil de sécurité accuse des Etats africains qui ont retiré leurs armées de RDC d'avoir monté des réseaux pour continuer à piller les richesses naturelles de ce pays.
Ce rapport cite 54 personnes, dont plus d'une vingtaine de responsables militaires ou politiques du Rwanda, d'Ouganda, du Zimbabwe et de la RDC, considérés comme les dirigeants des réseaux exploitant les richesses de la RDC.